Juillet 1937 : le Japon envahit la Chine05/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2553.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Il y a quatre-vingts ans

Juillet 1937 : le Japon envahit la Chine

Dans la nuit du 7 au 8 juillet 1937 des coups de feu auraient été tirés par des soldats chinois sur des militaires japonais stationnés au voisinage du pont Marco Polo. Le commandant japonais exigea de fouiller la bourgade voisine, ce que son homologue chinois refusa. Chaque partie fit venir des renforts. C’est une guerre qui commençait. La transformation de la Chine en chasse gardée exclusive du jeune impérialisme japonais était la suite logique du développement industriel explosif de ce dernier.

La modernisation du Japon, pauvre et féodal, fut provoquée quand, en 1853, une flotte de guerre américaine croisa en baie de Tokyo, menaçant de bombarder le pays s’il ne s’ouvrait pas commercialement aux Américains et aux Occidentaux. En réaction, le pouvoir impérial, écarté de fait par les féodaux, put reprendre les choses en main et imposer la centralisation, la modernisation et l’industrialisation du pays pour faire face aux menaces des pays occidentaux.

Le Japon n’avait pas de bourgeoisie importante et les choses se firent donc par en haut. En moins de quarante ans, il se dota de chemins de fer, de mines, d’aciéries, d’usines, en particulier pour le matériel militaire. Sa croissance devint la première du monde, supérieure à celle de l’Allemagne, et lui permit de brûler les étapes. Au Japon, d’emblée, on vit apparaître des trusts, les zaibatsu, comme Mitsui, Mitsubishi, et bien d’autres, qui existent encore aujourd’hui.

Cette époque allait rester dans l’histoire comme « l’ère Meiji » qu’on peut traduire par « gouvernement éclairé ». Éclairé, peut-être, mais le Japon, jusque-là féodal, devint aussitôt impérialiste et avide de conquêtes extérieures, en prenant comme modèle les grandes puissances de l’époque, Angleterre, France et autres, qui se taillaient d’immenses possessions coloniales.

Le Japon était pauvre en ressources naturelles, minières et agricoles : son industrie avait donc besoin d’aliments et de débouchés. Il commença rapidement à s’en prendre à la Chine voisine, dont il arracha, en 1894-1895, Taïwan et quelques îles. Il obtint l’indépendance de la Corée, qu’il ne tarda pas à occuper, et voulut mettre la main sur la péninsule du Liao Toung en Chine. Il se heurta alors à l’opposition de la Russie tsariste, qui voulait utiliser cette péninsule pour en faire une base militaire, dénommée Port Arthur. Cela déboucha sur la guerre russo-japonaise de 1904-1905, et se termina par une défaite retentissante de l’armée et de la flotte russes.

Du début de « l’ère Meiji » jusqu’au triomphe japonais de 1905, il s’était écoulé à peine quarante ans ! Trente ans plus tard, poussé par la crise économique mondiale, l’impérialisme japonais se lançait dans la conquête militaire de sa sphère d’influence, en commençant par la Chine. La guerre sino-japonaise démarra environ deux ans avant la guerre européenne. De même que la conquête de l’Éthiopie, en Afrique, par l’Italie de Mussolini quelques années avant, en 1935-1936, cette guerre en Asie était l’annonciatrice de la Seconde Guerre mondiale.

L’armée japonaise, réussit à conquérir une large partie du territoire mais, bien que très supérieure en armement, pas la totalité de la Chine, trop vaste pour elle. L’impérialisme japonais tenta de briser la résistance de la population en pratiquant une terreur systématique. Dans bien des villages, et même des villes, les militaires japonais ne faisaient pas de prisonniers. Ils firent un massacre abominable dans la ville qui était alors la capitale, Nankin. On ignore le nombre exact des victimes mais, côté chinois, on l’estime à 300 000, presque uniquement des civils, les militaires chinois ayant rapidement évacué la ville.

Nombre de prisonniers servirent aux soldats japonais pour s’entraîner à l’usage de la baïonnette. Les femmes furent systématiquement violées avant d’être massacrées.

On ne connaît pas le nombre des morts chinois de la Guerre mondiale. Les estimations vont de 10 à 20 millions. Il y en eut peut-être davantage qu’en URSS, considérée pourtant comme ayant le plus grand nombre de morts. Le peuple chinois, l’un des plus misérables du monde, soumis aux calamités de toutes sortes, sécheresses, inondations, séismes, guerres civiles, connut là une de ses pires épreuves.

Le Japon avait dès lors rattrapé les puissances occidentales dans la course au profit, au développement industriel et aux horreurs coloniales.

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