Europe : les ministres se rejettent les migrants05/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2553.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Europe : les ministres se rejettent les migrants

Depuis mercredi 28 juin, les autorités italiennes menacent de ne plus accueillir dans leurs ports les bateaux des ONG intervenant pour sauver des migrants partis de Libye sur des embarcations de fortune.

Les 27 et 28 juin, la mer étant exceptionnellement calme, de nombreux bateaux ont tenté la traversée, et 12 000 personnes ont été recueillies. Les structures d’accueil en Italie sont saturées car, depuis le début de l’année, plus de 83 000 personnes sont arrivées, 19 % de plus que l’année dernière, et en tout 500 000 personnes depuis 2014.

Après l’accord entre l’Union européenne et la Turquie, tous les passages de migrants se sont reportés sur l’Italie, au départ de la Libye.

Dimanche 2 juillet s’est tenue en urgence à Paris une réunion des ministres de l’Intérieur italien, allemand et français. Les ministres français et allemand ont bien sûr dit leur compréhension à leur collègue italien, mais n’ont pas envisagé une seconde de faire aborder les navires ailleurs qu’en Italie. Quant aux solutions envisagées, elles ne visent pas non plus à accueillir dignement les migrants s’entassant dans les camps italiens. Les ministres ont parlé d’établir un code de bonne conduite pour les ONG venant au secours des migrants, à qui ils reprochent d’être trop réactives. Les dirigeants européens voudraient les empêcher d’aller recueillir les migrants dans les eaux territoriales libyennes, où les passeurs les abandonnent. Autant dire qu’ils préféreraient qu’ils soient plus nombreux à mourir dans la traversée. Les ministres envisagent aussi de renforcer leur soutien aux gardes-côtes libyens pour qu’ils empêchent les départs, y compris violemment, et d’augmenter les retours de migrants dans leur pays ou vers des camps en Libye. Il s’agit de tout faire pour qu’ils n’arrivent pas ou ne restent pas en Europe, au mépris de toute considération humanitaire.

Seule concession verbale : le processus de relocalisation, qui prévoyait en 2015 d’accueillir 40 000 migrants dans d’autres pays européens que celui de leur arrivée, serait amélioré. Il est facile de renouveler un engagement qui n’a jamais été tenu, puisque 7 200 migrants seulement ont pu ainsi quitter l’Italie pour un autre pays. Et il est de toute façon dérisoire, vu le nombre de personnes concernées.

Lorsque le ministre de l’Intérieur italien, Marco Minniti, a demandé que les autres pays européens ouvrent leurs ports aux bateaux secourant les migrants, son homologue français, Gérard Colomb, a refusé en prétextant que cela créerait un appel d’air.

La seule solidarité qu’aient trouvée à afficher les ministres européens, encore une fois, est celle dirigée contre les migrants.

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