Taxe sur la finance : la spéculation se porte bien28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe sur la finance : la spéculation se porte bien

La Cour des comptes a estimé que la taxe sur les transactions financières (TTF), n’avait pas rapporté à l’État les sommes prévues, ni ralenti la spéculation financière contre laquelle elle était censée lutter.

Après des dizaines d’années de discussions tant au niveau français qu’européen, cette taxe a été mise en place en France en 2012. Il s’agissait d’imposer, très légèrement, le système financier qui, lors de la crise de 2008, avait reçu l’aide de l’État pour se remettre à flot. Le prélèvement sur les transactions a d’abord a été de 0,2 %, puis de 0,3 % depuis 2016. Il s’applique aux achats d’actions de sociétés dont le siège est en France et dont la capitalisation dépasse un milliard d’euros. L’argent ainsi récolté doit servir, entre autres, à augmenter l’aide au développement et à lutter contre la pauvreté. Il était prévu qu’en 2016 cette taxe rapporte un milliard d’euros, et 1,5 milliard en 2017.

Les représentants des financiers ont bien sûr protesté, en particulier en 2016, arguant que cela faisait fuir les grandes entreprises, juste au moment où, avec le Brexit, il s’agissait d’attirer les sociétés installées à Londres, voire des établissements financiers de la City. En réalité, la taxation n’a rien changé à leurs pratiques : les transactions à haute fréquence, qui transmettent automatiquement des ordres d’achat et de vente permettant d’accumuler des gains en quelques millièmes de seconde, se font hors du territoire français et échappent au fisc. L’organisme qui collecte la taxe, Euroclear France, se rémunère confortablement. Finalement, l’État n’a récupéré que 947 millions d’euros en 2016, contre un peu plus d’un milliard l’année précédente.

Le bilan de la Cour des comptes arrive juste après que les ONG ont demandé à Macron de plaider pour l’instauration d’une telle taxe au niveau européen. Ces organisations font valoir que, aussi mince soit-il, le produit de cette taxation a contribué à augmenter un peu l’aide au développement. De leur côté, les groupes de pression financiers vont sûrement revenir à la charge.

Il n’est pas difficile de voir de quel côté penche le rapport de force. La pression du système financier a de toute façon raison des promesses ou des velléités des gouvernements… tant qu’on le laisse en place.

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