Portugal : les incendies et leurs causes28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : les incendies et leurs causes

Le 17 juin, sur la commune de Pedrogao Grande dans le centre du Portugal, un incendie a fait 64 morts, des centaines de blessés et a détruit 26 000 hectares de forêt. Sans doute déclenché par les éclairs de chaleur, il s’est propagé grâce à la sécheresse, aux bourrasques et aux hautes températures, habituelles en été dans cette région montagneuse.

Chaque été, la région connaît de tels incendies, et les causes ne sont pas seulement naturelles. L’exode rural a dépeuplé ces terres accidentées, où les paysans vivotaient sur leurs vignes et leurs lopins cultivés en bord de rivière. La jeunesse est partie travailler à Lisbonne et Setubal. Les villages et les hameaux se sont vidés, les chemins ont disparu. Abandonnés, les champs et les pâturages sont retournés à la broussaille. Il n’y a même pas de cadastre et bien des terrains sont sans propriétaire connu.

Par ailleurs, les pentes des montagnes ont été plantées en eucalyptus. Ces arbres, gourmands en eau et qui brûlent comme des torches, alimentent les usines de pâte à papier qui se sont multipliées au Portugal depuis une quarantaine d’année.

Quant au service des Forêts mis en place au 19e siècle, avec ses ingénieurs, ses gardes, ses observatoires, ses archives, il a presque disparu. Or ces agents sont irremplaçables pour combattre le feu efficacement. Sans connaissance du terrain, les pompiers volontaires agissent en aveugles, et plusieurs y ont laissé leur vie.

On se retrouve donc avec des kilomètres carrés de broussailles jamais nettoyées, entrecoupés de plantations de pins et d’eucalyptus hautement inflammables, sans chemins, sans habitants, sans gardes forestiers. Ce sont de vrais bûchers, qui n’attendent qu’une allumette pour flamber.

En l’absence d’une politique forestière de la part de l’État, les incendies ont pour conséquences la déforestation, l’érosion des sols lessivés par les pluies et la création de déserts rocailleux au flanc des montagnes. Mais les autorités locales et gouvernementales sont bien incapables de s’en prendre aux intérêts de la monoculture de l’eucalyptus et à ceux de l’industrie papetière. Face à eux, que pèsent quelques dizaines de morts chaque année et quelques dizaines de milliers d’hectares transformés en désert ?

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