Italie : le Parti démocrate paie sa politique28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : le Parti démocrate paie sa politique

Les électeurs d’environ 1 000 communes d’Italie votaient les 11 et 25 juin pour renouveler les conseils municipaux. Plusieurs villes importantes sont passées à droite, comme Gênes, qui était gouvernée par la gauche depuis 1945.

Avec la perte de telles municipalités traditionnellement ancrées à gauche, la déroute du Parti démocrate (PD) se confirme, même si c’est avant tout l’abstention qui a marqué ces scrutins. Plus de la moitié des inscrits ne se sont en effet pas déplacés au second tour et, dans certaines villes, moins du tiers des électeurs sont allés voter, manifestant ainsi leur dégoût de la politique.

Issu des associations et recompositions successives de l’ex-Parti communiste et des débris de la Démocratie chrétienne, le Parti démocrate est en crise. Après trois ans à la tête du gouvernement, son dirigeant, Matteo Renzi, avait dû présenter sa démission en décembre dernier, après l’échec du référendum sur la Constitution auquel il avait lié le sort de son gouvernement. En fait, il payait là toute sa politique et en particulier ses mesures antiouvrières, au premier rang desquelles le Jobs Act, cette loi travail version italienne visant à permettre au patronat d’imposer l’exploitation avec le moins d’entraves possibles.

Le vainqueur sans éclat de ces élections est la coalition dite de centre-droit, qui englobe entre autres la Ligue xénophobe de Salvini et Forza Italia, le parti de l’indéboulonnable Berlusconi. Elle a axé sa campagne contre les étrangers en général et les migrants en particulier, les accusant de tous les maux, de l’insécurité au manque de propreté des rues en passant par le chômage. Et, sur ce terrain, elle a raflé un certain nombre de voix au Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo. .

L’ex-comique avait fait connaître son parti et était même devenu le premier parti du pays aux élections législatives de 2013, en se présentant comme une organisation de citoyens résolus à lutter contre le système et ses politiciens. Le tsunami promis par Grillo contre la « caste et ses privilèges » n’a bien sûr pas eu lieu. Au fil des ans, les maires 5 étoiles ont appliqué les mêmes politiques d’austérité que les politiciens honnis qui sévissaient dans les autres villes. Les déclarations démagogiques contre les migrants, contre le droit du sol pour obtenir la nationalité, ont achevé de gommer les différences aux yeux de bien des électeurs, qui ont semble-t-il préféré dans bien des cas voter pour l’original que pour sa copie.

À peine le résultat est-il enregistré que la lutte commence entre Salvini et Berlusconi pour prétendre au rôle principal en vue des prochaines élections, législatives cette fois, selon un mode de scrutin encore à définir. L’un se présente plus modéré tandis que l’autre s’affiche souverainiste, l’un est plus subtilement anti-immigrés que l’autre… Les deux cherchent le meilleur moyen d’engranger des voix et de revendiquer la place de futur chef du gouvernement. La seule chose dont ils ne discutent pas est la poursuite des attaques contre les travailleurs, que la bourgeoisie exige.

Partager