Insecticides : les industriels font pression28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Insecticides : les industriels font pression

Lundi 27 juin, les abeilles ont donné lieu aux premiers désaccords publics entre ministres du nouveau gouvernement.

En début de matinée, celui de l’Agriculture, Stéphane Travert, remettait en cause l’interdiction, votée en 2016, de l’utilisation des insecticides tueurs d’abeilles. Très vite, le ministre de l’Écologie, Nicolas Hulot, tweetait que ces interdictions « ne seront pas levées », ajoutant qu’il n’était pas question de revenir sur la loi. Et peu après midi, tel un arbitre, le Premier ministre affirmait que le gouvernement avait décidé de « ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016 ».

En effet l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes est inscrite dans la loi sur la biodiversité votée en 2016. Déjà à l’époque, le combat livré par les représentants des industriels de la chimie, les Bayer, Sygenta et autre BASF, avait été rude, exigeant de longs mois de débats avant le vote par les députés.

Pourtant la nocivité de ces produits, entre autres à l’égard des abeilles, est attestée depuis longtemps. Ces insecticides ne sont pas épandus ou pulvérisés lors d’attaques d’insectes nuisibles, ils enrobent les semences, notamment les semences de betterave, de blé et de maïs. Au fur et à mesure du développement de la graine, l’insecticide se distribue dans toutes les parties de la plante si bien que, quand des abeilles viennent butiner, elles absorbent ces néonicotinoïdes. Or ce sont des substances neurotoxiques, qui agissent sur le système nerveux central. À faible dose, les abeilles sont désorientées et ne retrouvent pas le chemin de leur ruche ; à forte dose, elles en meurent. Et la neurotoxicité des néonicotinoïdes n’est pas spécifique au système nerveux des abeilles, elle s’exerce sur tous les systèmes nerveux, notamment de tous les pollinisateurs et de tous les insectes, mais aussi des vers de terre, des grenouilles, des oiseaux... Selon certaines études ils auraient des effets sur la santé humaine.

Déjà en 2016, les représentants de l’agroindustrie avaient bataillé contre le projet de loi et, quand la loi d’interdiction d’utilisation avait fini par être votée, c’était pour une application au 1er septembre 2018 et avec la possibilité d’accorder des dérogations jusqu’en 2020 !

Aujourd’hui, les lobbyistes poursuivent leur combat. Les mêmes arguments sont avancés, notamment celui, repris par le nouveau ministre de l’Agriculture, selon lequel la loi française outrepasserait les directives européennes.

Ce n’est pas fini ! L’exemple de l’amiante est là pour en témoigner : les arguments scientifiques et les risques vitaux sont de peu de poids face à l’appétit des industriels.

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