Industries électriques et gazières : les employeurs renoncent à une première attaque28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Industries électriques et gazières : les employeurs renoncent à une première attaque

Macron a promis de liquider les régimes spéciaux de retraite, y compris celui des industries électriques et gazières (IEG), pour les aligner à la baisse sur celui du régime général. De leur côté, les patrons des IEG veulent profiter des prochaines ordonnances sur le Code du travail pour en finir avec le statut particulier des agents. C’est sans compter les réactions des syndicats et des salariés.

C’est une note confidentielle, envoyée le 5 juin aux directions syndicales et rendue publique par FO, qui a révélé la façon dont les employeurs des 145 000 salariés de EDF SA, Engie, Enedis, RTE, GRDF, GRTgaz, et de plusieurs entreprises locales de distribution, comptaient procéder pour rendre applicables les futures ordonnances de Macron, notamment celles qui permettraient de faire prévaloir les accords d’entreprise sur les accords de branche.

En effet il existe au sein des IEG des articles réglementaires ayant force de loi, et atypiques par rapport aux autres branches professionnelles, qui limitent la possibilité pour les accords de branche ou d’entreprise de modifier leur statut. Les employeurs souhaitaient donc que le projet de loi d’habilitation en cours d’élaboration, et qui va autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnances, prévoie aussi de supprimer ces articles réglementaires.

Ainsi, tout ce qui est un peu protecteur dans le statut, que ce soit certains compléments de salaire liés à certains types d’activité, des jours de repos supplémentaires, mais aussi la fameuse garantie de l’emploi, aurait été très rapidement détricoté à la faveur d’accords signés entreprise par entreprise, même si la réglementation actuelle n’a évidemment jamais empêché de faire régresser les droits des salariés ni de recourir à des entreprises prestataires.

La révélation de la note a suscité des inquiétudes parmi le personnel, surtout dans le contexte d’un plan général de suppressions d’emplois : 7 000 emplois devraient être supprimés à EDF d’ici 2019, et 1 900 à Engie (ex-GDF Suez).

FO, la CGT et la CFE-CGC ont constitué une intersyndicale pour exiger des employeurs qu’ils retirent leur demande auprès du gouvernement. Par ailleurs, un appel à la grève et à la mobilisation a été lancé, mais en ordre dispersé et surtout sans plan de mobilisation.

Du coup, de nombreux travailleurs ont commencé à évoquer la grève de 2011 qui avait fait reculer les directions en un jour, lorsqu’elles avaient tenté de s’en prendre aux tarifs préférentiels sur l’électricité et le gaz, et à dire aussi qu’il faudrait renouer avec les coupures de courant pour se faire respecter, comme l’ont fait récemment les agents électriciens de Guyane.

Finalement, le 16 juin, les employeurs ont renoncé à demander au gouvernement de modifier la loi d’habilitation, ce qui a été confirmé le jour même par un courrier du Premier ministre.

La crainte d’une réaction des travailleurs a donc fait reculer cette fois-ci les employeurs et le gouvernement, même s’ils n’ont certainement pas renoncé à moderniser le statut des IEG, comme ils disent.

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