Évasion : pas de crise pour les paradis fiscaux !28/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2552.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Évasion : pas de crise pour les paradis fiscaux !

Depuis mi-mai, un groupe de journalistes, notamment de Mediapart, publie des documents qui épinglent les pratiques des grandes multinationales à Malte.

Après les scandales sur les paradis fiscaux au Luxembourg en 2014, en Suisse en 2015 et au Panama en 2016, c’est un nouveau petit coin du voile opaque de la finance qui se lève. Ainsi, en quatre ans, les constructeurs automobiles Renault et PSA et le groupe Auchan ont économisé 141 millions d’euros d’impôts en localisant leurs activités d’assurance à Malte. Et il ne s’agit là que de trois entreprises, dans un seul paradis fiscal.

Toutes les grandes entreprises créent en effet des filiales dans les pays où l’impôt sur les bénéfices est dérisoire, afin d’y transférer l’essentiel de leurs profits. Résultat : les quarante plus grandes sociétés cotées en Bourse en France paient en moyenne moins de 8 % d’impôt sur les bénéfices alors que le taux officiel est de 33 %.

Les dirigeants de ces grands groupes prétextent que cela n’est pas illégal. Sans doute, mais cela veut juste dire que les lois sont faites pour eux et c’est autant d’argent qui ne rentre pas dans les caisses publiques : environ 40 à 60 milliards d’euros par an en France d’après le syndicat Sud des Finances publiques.

Dans ce contexte de scandales à répétition, les dirigeants d’une soixantaine de pays, dont la France, viennent d’adopter une convention multilatérale contre l’évasion fiscale, mais nombre de pays, dont les États-Unis, ne l’ont pas signée. D’autre part, depuis la crise de 2008, les dirigeants des pays riches n’ont cessé de clamer que la lutte contre les paradis fiscaux était leur priorité. En 2009, après une réunion du G20, Sarkozy avait même affirmé sans rire : « Les paradis fiscaux, c’est terminé ! » Alors cet accord, comme les précédents, ne va sans doute rien changer.

Les beaux discours des gouvernements ne visent en fait qu’à donner le change aux classes populaires appauvries par la crise, étranglées par la hausse des impôts et choquées par le fait que les plus riches, de leur côté, en paient de moins en moins. Les gouvernements aimeraient sûrement récupérer une partie de l’impôt qui leur échappe mais il n’est pas question pour eux de remettre en cause la liberté laissée aux capitalistes de courir le monde à la recherche du profit maximum et donc aussi… de l’impôt minimum. D’ailleurs dans certains cas, comme ceux de Renault et Peugeot, l’État est un actionnaire important…

Tant que les travailleurs n’auront pas réussi à imposer l’ouverture des comptes des banques et des entreprises et à exercer leur contrôle, les paradis fiscaux auront de beaux jours devant eux.

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