Éducation : dégradation programmée28/06/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/06/p11_ecole_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C370%2C960%2C910_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation : dégradation programmée

Durant sa campagne électorale, Macron avait promis de limiter à 12 élèves les classes de CP et CE1 dans les quartiers les plus défavorisés. Le ministre de l’Éducation a annoncé les conditions de la mise en œuvre de cette promesse dès la rentrée 2017.

Illustration - dégradation programmée

Dans un premier temps, seules seront concernées les 2 500 classes de CP des écoles éducation prioritaire renforcée, dites REP+, avant un élargissement à d’autres classes en 2018. Mais, même dans ces écoles censées être prioritaires, les moyens humains sont très largement insuffisants et l’application de la mesure demande d’enlever des professeurs ailleurs, où ils sont également utiles, pour les affecter d’autorité en CP. Par exemple, depuis trois ans avait été mis en place dans certaines écoles un dispositif « plus de maîtres que de classes » : des enseignants, non directement affectés à une classe, prenaient en charge des petits groupes pour des projets d’écriture par exemple. Ces enseignants viennent de recevoir par texto leur nouvelle affectation, et tous les projets qu’ils avaient commencé à mettre en place tombent à l’eau.

Le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a beau déclarer qu’on ne déshabillera pas Pierre pour habiller Paul, c’est bien ce qui se passe. Les 4 000 créations de postes prévues pour la prochaine rentrée sont bien loin de compenser la hausse démographique dans certains départements. Sur ce nombre, le gouvernement compte en consacrer 2 500 à son nouveau dispositif. Ils manqueront forcément ailleurs. Ainsi en Seine-Saint-Denis, qui accueille 2 000 élèves de plus chaque année, il y a de plus en plus d’élèves par enseignant et, d’après la FCPE, 400 classes se retrouvent chaque jour sans enseignant du fait de la disparition des postes de remplaçants. Dans ce département, 200 enseignants doivent être affectés dans des CP à 12 élèves. Cela signifie donc inévitablement des effectifs encore plus surchargés dans les autres classes.

C’est dans l’improvisation la plus totale que les inspections académiques demandent aux mairies et aux écoles de trouver les locaux nécessaires pour dédoubler les classes de CP : la mairie d’Orly, dans le Val-de-Marne, va faire construire en urgence des cloisons, des portes, pour séparer en deux les salles de classe existantes, salles de classe qui vont commencer à ressembler à des cagibis. À Marseille, où il faudrait dédoubler une classe de CP sur deux, il n’y a pas non plus de locaux suffisants et la mairie parle de cloisons coulissantes. Ailleurs, on évoque de simples rideaux, ou bien d’installer des préfabriqués dans la cour de récréation, en réduisant la taille de celle-ci au passage.

Des classes à 12 élèves, pas seulement en CP et en CE1, pas seulement dans les zones définies comme prioritaires mais partout, ce serait une nécessité. Mais pour cela, il faudrait des embauches massives dans l’Éducation nationale et la construction des locaux nécessaires. Faute d’une telle politique, c’est une nouvelle dégradation qui s’annonce à la prochaine rentrée.

Partager