Dépenses publiques : nouveau ministre et vieux mensonges28/06/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/06/p7_reduc.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C461%2C334_crop_detail.jpg

Leur société

Dépenses publiques : nouveau ministre et vieux mensonges

« La France est droguée à la dépense publique », a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, lors d’une interview télévisée le 26 juin, ajoutant que cette « dépense publique est une prison », un fardeau qui pèsera sur les générations futures.

Illustration - nouveau ministre et vieux mensonges

Lemaire a donc repris sans surprise les arguments d’un discours maintes fois tenu par les représentants des gouvernements successifs, visant à justifier les attaques contre les services publics et la réduction de bon nombre d’employés.

Les dépenses publiques couvrent un vaste ensemble qui englobe le fonctionnement de l’éducation, de la santé ou des transports. Mais beaucoup de ces dépenses ne bénéficient qu’à la classe capitaliste. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, 40 milliards sont versés par l’État au titre des intérêts de la dette à ses créanciers, de l’argent qui remplit les coffres-forts des grandes banques depuis des années. Cela représente le deuxième poste de dépense du budget de l’État. L’État a sorti également de son portefeuille des dizaines de milliards au titre du CICE et du pacte de responsabilité, et ce chaque année. Avec les 48 milliards d’euros versés aux entreprises entre 2013 et 2015 ne serait-ce qu’au titre du CICE, l’État aurait pu créer au moins 500 000 emplois à 1 800 euros net mensuels.

Chaque année, les exonérations fiscales, les réductions de cotisations sociales et les aides diverses distribuées au patronat représentent plus de 150 milliards d’euros. Les actionnaires des grandes entreprises comme Total, Sanofi et autres, qui affichent chaque année des milliards de bénéfices, profitent de ces largesses payées avec l’argent des impôts de millions de salariés, d’artisans, de petits commerçants.

Mais ce n’est évidemment pas à ces dépenses-là que le ministre de l’Économie compte s’attaquer quand il annonce des mesures qui « concerneront tous les secteurs de la dépense publique ». « Il faut que l’État, les collectivités locales, les dépenses sociales, chacun fasse un effort », a-t-il répété. Chacun… dans les classes populaires, on l’aura compris. Elles subiront la réduction des emplois dans les services utiles à la population et, concernant les retraités, à qui Bruno Lemaire demande aussi de fournir des efforts, la réduction de leur revenu du fait notamment de l’augmentation de la CSG.

La politique d’austérité prônée par Lemaire ne consiste pas à sauver les finances de l’État, mais à réserver une part de plus en plus grande de la dépense publique à la bourgeoisie. C’est un choix de classe. Mais il ne fallait pas s’attendre à autre chose de la part d’un ministre choisi par Macron, ex-banquier, ex-ministre de l’Économie du gouvernement Hollande et qui, à ce titre, a mis en œuvre la politique d’austérité voulue par le patronat.

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