Producteurs de lait : ça débordera encore21/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2551.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Producteurs de lait : ça débordera encore

Les producteurs de lait ont annoncé jeudi 15 juin l’arrêt de leurs manifestations. Elles visaient des grosses coopératives agricoles telles que Sodiaal-Yoplait, Terrena ou encore Agrial, qui ont finalement accepté de payer 34 centimes d’euro le litre de lait, contre 30 actuellement.

L’engagement couvre cependant la période de juillet à septembre. On reparlera donc d’ici quelques mois du prix du lait nécessaire à la survie de milliers d’élevages laitiers. Organisées par les adhérents de la FNPL, la branche laitière de la FNSEA, le principal syndicat des exploitants agricoles, les actions de blocage visaient cette fois-ci plus particulièrement les coopératives, et pas les industriels privés tels que Lactalis, numéro un mondial du fromage, ni la grande distribution, contre lesquels les producteurs s’étaient mobilisés en 2015 et 2016.

Mais, qu’ils soient liés par contrat à des capitalistes privés ou à de grands groupes coopératifs dominés par les plus gros exploitants agricoles, cela ne change pas grand-chose au sort des petits producteurs. Dans les deux cas, ce sont des groupes qui prospèrent sur leur dos et leur imposent les prix les plus bas, au point de conduire un grand nombre d’entre eux à la faillite : en 2016, les défaillances ont fait un bond de 30 % dans la production laitière. En Bretagne, elles ont même doublé, passant de 45 en 2015 à 100 en 2016.

Les coopératives, qui étaient au départ l’émanation des agriculteurs eux-mêmes et jouaient essentiellement un rôle d’intermédiaires entre leurs adhérents et les industries transformatrices de leurs productions, sont devenues de véritables groupes capitalistes investissant dans l’industrie et même dans la distribution.

Un groupe comme Sodiaal (lait Candia, Yoplait, Régilait, fromages Cœur de Lion, Entremont, surgelés Boncolac) contrôle par exemple pas moins de 41 sites industriels en France. Terrana, dont l’origine remonte à 1887, emploie 15 800 salariés. Il a racheté en 2016 le volailler Doux Père Dodu déclaré en faillite et vient de racheter la coopérative Normandie Bovins. Quant à Agrial, autre mastodonte agroalimentaire avec ses marques Danao, Grand Fermage, Soignon, Florette ou encore le cidre Loïc Raison, il développe ses activités dans toute l’Europe, en Afrique et même aux États-Unis, et il a réalisé plus de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016.

On peut donc comprendre la colère des producteurs de lait, qui veulent vivre de leur travail et revendiquent que le litre de lait leur soit payé en prenant en compte leurs coûts de production réels, qui ne cessent d’augmenter.

Les laiteries prétendent qu’elles n’ont pas les moyens d’augmenter le prix du lait payé aux éleveurs. Mais, rien que sur le premier trimestre 2017, le chiffre d’affaires de Bel, par exemple, est en hausse de 12,4 %, celui de Savencia de 11,7 %. Lactalis fait la richesse de la famille Besnier, classée parmi les plus grosses fortunes du pays. Et l’envolée des cours mondiaux du beurre ne fait que l’augmenter.

L’argent revendiqué par les producteurs de lait est bien dans les caisses des grands groupes capitalistes auxquels ils sont confrontés.

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