Opalines – Foucherans : 11e semaine de grève14/06/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/06/p12_opalines_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C38%2C400%2C262_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Opalines – Foucherans : 11e semaine de grève

Douze aides-soignantes de la maison de retraite des Opalines à Foucherans, dans le Jura, sont en grève depuis le 3 avril. Depuis onze semaines, elles revendiquent toujours deux embauches, pour pouvoir soigner les personnes âgées dans des conditions décentes, et une augmentation de 27,50 euros de leur prime de dimanche.

Illustration - 11e semaine de grève

Actuellement, elles travaillent un week-end sur deux et touchent 1 250 euros net, primes incluses. Elles dénoncent surtout des conditions d’accueil des personnes âgées devenues insoutenables à cause du manque de personnel, avec par exemple 3 minutes 41 secondes seulement pour aider chaque résident à se changer et se coucher le soir.

La direction, après avoir entamé les discussions en disant aux aides-soignantes qu’elles n’auraient « rien, ni maintenant, ni demain, ni jamais », répond par une fin de non-recevoir, le directeur leur ayant encore dernièrement assuré qu’il ne céderait pas, par principe, après que les grévistes ont envahi ses bureaux pour le contraindre à les recevoir.

Ce n’est pourtant pas l’argent qui manque. Les actionnaires principaux des Opalines, les familles Mennechet et Pecullier, sont la 400e fortune de France, une fortune passée en dix ans de 75 millions à 150 millions d’euros, grâce à l’exploitation des quarante-sept maisons de retraite dont elles sont actionnaires.

Jeudi 8 juin, devant le refus du directeur, les grévistes ont fini par obtenir un rendez-vous à l’Agence régionale de santé, l’ARS.

En effet c’est cet organisme public qui évalue les besoins en personnel et finance à 70 % les salaires pour cet EHPAD pourtant privé et à but lucratif, les 30 % restants étant apportés par le département. Les Opalines n’ont donc rien à débourser pour le personnel, sur les 2 500 euros par mois que paie chaque résident. L’ARS a versé chaque année depuis cinq ans une somme qui correspondait à 19 aides-soignantes ou AMP diplômées. Et cela, alors que seules 14 ont été réellement embauchées. Le trop-perçu représenterait plus de 500 000 euros, rien que pour l’argent versé par l’ARS sur ces cinq années.

Il est apparu également que les Opalines ont accueilli illégalement depuis cinq ans deux résidents supplémentaires pour lesquels elles ne sont pas habilitées par l’ARS, et ont ouvert un accueil de jour sans autorisation, accueil payant pour ces usagers bien sûr, à 40 euros par jour.

Mise au courant par les grévistes, l’ARS a demandé à la direction des Opalines de se mettre en conformité avec les autorisations, et de verser le trop-perçu aux salariés qui ont eu une charge de travail supplémentaire. Les patrons des Opalines ont refusé et gardent l’argent, sans que l’ARS se sente autorisée à faire quoi que ce soit pour les contraindre.

L’an prochain, suite à de nouvelles lois mises en place par le gouvernement Hollande, « l’ARS n’aura même plus un droit de regard sur ce qu’ils font de ces enveloppes », a avoué le directeur aux grévistes. De quoi augmenter encore un peu les dividendes des actionnaires, avec de l’argent public destiné en principe à soigner les personnes âgées !

Ces découvertes n’ont fait que renforcer la détermination des grévistes, qui maintiennent leur piquet, multiplient les appels aux médias et prévoient d’autres actions pour faire céder les Opalines.

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