Leur société

Saint-Nazaire : Macron, mensonges et propagande patronale

Mercredi 31 mai, Macron est venu inaugurer le dernier né des paquebots construits au chantier naval STX de Saint-Nazaire. Cela a été l’occasion de discours mensongers sur l’intérêt commun qui prétendument unirait le patronat aux salariés.

Pensez donc ! Selon Macron, et la presse qui relaie sans sourciller ses mensonges, c’est parce qu’un accord de compétitivité aurait été signé entre les syndicats et la direction que ce paquebot aurait vu le jour. Cet accord de compétitivité s’est traduit par une augmentation du temps de travail, la suppression de primes et de jours de congé. Il devait officiellement permettre une diminution de 1,5 % du coût des navires, diminution entièrement supportée par les salariés.

Ce n’est pas cette diminution des coûts qui explique que le carnet de commandes du chantier soit plein pour les neuf ou dix ans à venir. C’est tout simplement la bonne santé du marché de la croisière qui fait que tous les chantiers capables de construire de tels paquebots ont aujourd’hui des carnets de commandes archi-pleins.

De plus, contrairement à ce que dit Macron, ce ne sont pas « les » syndicats qui ont signé cet accord de compétitivité, mais des syndicats minoritaires. Cet accord avait entraîné une grève de plusieurs semaines des ouvriers d’un des principaux ateliers, renforcée par des débrayages dans l’ensemble des autres secteurs. Ce mouvement avait reçu le soutien de la CGT, le premier syndicat de l’entreprise. Cela avait obligé la direction à reporter l’application de cet accord de compétitivité, qui n’avait pu voir le jour que plusieurs mois après.

Alors, expliquer que la bonne santé de l’entreprise est forcément favorable à tous, aux salariés comme au patronat et aux actionnaires, c’est un mensonge. La situation de l’entreprise est bonne du point de vue du patronat : du point de vue de l’entreprise qui renoue avec les bénéfices ; du point de vue des banques auquelles elle paye des intérêts ; du point de vue des fournisseurs ; du point de vue des propriétaires d’entreprises sous-traitantes et d’intérim. Mais ce n’est pas la même chose pour les travailleurs qui la font tourner.

Le salaire d’embauche de l’entreprise est en dessous du smic. Ce n’est que grâce aux primes qu’il atteint le smic mensuel. L’embauche y est réduite au minimum, et la CGT réclame donc l’embauche des 250 intérimaires qui y travaillent tous les mois. Et c’est régulièrement que des travailleurs détachés contactent ce syndicat pour réclamer les salaires qui leur sont dus et qui ne leur sont pas payés.

Macron s’est engagé à revoir le futur pacte d’actionnaires, qui réservait la majorité des actions à des capitaux italiens. Cela a pu satisfaire tous les démagogues qui veulent faire croire qu’un propriétaire français serait forcément plus favorable aux salariés.

Mais, ces quinze dernières années, l’actionnariat a changé quatre fois de main et de nationalité. Et c’est la même direction bien française qui est restée aux commandes de l’entreprise et qui a mené imperturbablement la même politique contre les salariés.

Quel que soit le propriétaire, les intérêts des travailleurs ne seront pris en compte que s’ils réussissent à s’en faire craindre par leurs luttes.

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