Nathalie Arthaud, dimanche 4 juin : “Être dans le camp des travailleurs, c’est être communiste”07/06/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/06/p11_Fete_2017_M-meeting-candidats_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, dimanche 4 juin : “Être dans le camp des travailleurs, c’est être communiste”

Illustration - “Être dans le camp des travailleurs, c’est être communiste”

Après avoir réussi son raid sur la présidence de la République, Macron profite des législatives pour continuer ses manœuvres. Alors que le PS est déjà moribond, il veut maintenant semer la zizanie à droite. À en juger par le nombre de candidats de droite qui se disent désormais Macron-compatibles, il a ses chances. (…)

Toute cette agitation ne doit pas tromper les travailleurs. Macron profite de l’usure des deux partis qui alternent au pouvoir depuis des décennies, mais il ne veut que ravaler la façade d’un système décati. Et, quelle que soit la façon dont les cartes seront rebattues, tous ces politiciens sont des serviteurs fidèles de la bourgeoisie et c’est le jeu de la bourgeoisie qu’ils imposeront.

Un gouvernement de combat contre les travailleurs

Cette comédie du renouvellement forme un écran de fumée qui vise à faire oublier l’essentiel. Au gouvernement, Macron a mis en place un état-major de combat contre les travailleurs.

Le Premier ministre, Édouard Philippe, vient de la droite. Il déclarait il y a peu : « On ne travaille pas assez dans ce pays ; on ne travaille pas assez dans la semaine, on ne travaille pas assez dans l’année, on ne travaille pas assez dans sa vie. »

Le ministre de l’Économie, c’est Bruno Le Maire, pris lui aussi à la droite. Pendant la campagne des primaires, il défendait la réduction des indemnités chômage, la privatisation de Pôle emploi, les petits boulots à 5 euros de l’heure pour les allocataires de minima sociaux.

Le ministre du Budget et de la Fonction publique est Darmanin, lui aussi LR, ex-porte-parole de Sarkozy. Pendant la campagne, il expliquait qu’il fallait supprimer 500 000 postes de fonctionnaires.

Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, membre du CA de la SNCF, ex-administratrice d’Orange, ex-directrice de Dassault systèmes, ex-DRH de Danone, où elle a procédé à 900 suppressions d’emplois, s’y connaît en lutte de classe, mais du côté patronal !

Et quelle est la première mesure de ce gouvernement ? Un moratoire sur le compte pénibilité, jugé trop pénible… pour le patronat ! Et ce n’est que le début. Au programme, il y a la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique, l’augmentation de la CSG, de nouvelles attaques contre les retraites et les allocations chômage et la priorité des priorités : la réforme du marché du travail.

Son enjeu dépasse les mesures concrètes concernant les accords d’entreprise ou le plafonnement des indemnités prud’homales. Il y a derrière tout cela un enjeu politique. Macron
veut non seulement donner au patronat les possibilités légales de faire à peu près ce qu’il veut, mais il veut aussi découper, fragmenter et individualiser le monde du travail. Il veut faire de chacun d’entre nous un cas particulier, avec des droits particuliers, pour démolir encore un peu plus la conscience de classe.

La conscience de classe constitue la principale richesse du monde du travail. Seul, un travailleur n’est rien. La force des exploités est collective. Mais la conscience de cette réalité est sans cesse détruite par le fonctionnement même du capitalisme, basé sur la concurrence, qui pousse à la lutte de tous contre tous et au sauve-qui-peut individuel. La bourgeoisie joue sur cette pression sociale pour diviser et opposer les travailleurs les uns aux autres.

Construire une conscience collective a toujours été une démarche politique volontariste du mouvement ouvrier. Il a fallu la force de la volonté et l’acharnement militant pour contrebalancer préjugés et pressions sociales. Il a fallu le dévouement de générations de femmes et d’hommes pour rassembler et organiser les travailleurs dans des sociétés de
secours mutuel, des associations, des syndicats, puis des partis politiques. Cela a toujours été un combat. Et rien n’a jamais été acquis car, de son côté, la bourgeoisie n’a jamais abandonné son travail de sape.

Mais aujourd’hui , y a-t-il un parti, un syndicat, pour contrebalancer les pressions délétères de la concurrence et pour se battre sur le terrain de cette conscience de classe ? Non. Et on le mesure encore dans le bras de fer que Macron a engagé. Sa réforme du travail ne sera peut-être finalisée qu’en septembre, mais nous sommes déjà en train de prendre du retard.

Tous les ministres se répandent sur les ondes pour le même rabâchage que l’on a eu pour la loi El Khomri. Et les confédérations syndicales noient le poisson en laissant croire qu’il y a des marges de manœuvre et de quoi négocier ! Eh bien, ce que les confédérations syndicales ne veulent pas faire, il faut que les travailleurs conscients et combatifs le fassent !

Et il ne s’agit pas seulement d’en appeler aux luttes et aux manifestations. Il faut d’abord et avant tout armer politiquement les travailleurs. Cela signifie se battre pour renouer avec ce qui a toujours fait la force de la classe ouvrière contre le patronat : la conscience de classe, celle d’avoir des intérêts opposés au grand patronat et d’être capable de les défendre collectivement.

Le danger du Front national

La nouvelle poussée du Front national dans les quartiers et les villes ouvrières, que l’on a mesurée à la présidentielle, rend ce combat crucial. D’un côté, il manque des militants pour s’opposer aux divisions, aux frustrations, au repli sur soi et au rejet de l’autre. Mais, de l’autre côté, il y a un parti pour exploiter la situation, exciter le chauvinisme et les préjugés racistes.

Avec près de 11 millions de voix à la présidentielle, le FN est plus présent que jamais. Et les ouvriers, les chômeurs, les jeunes et moins jeunes qui ont voté Le Pen n’ont pas seulement exprimé leur rejet du système. Ils ont pris le risque, conscient ou pas, de la porter au pouvoir.

Certains disent avoir voté FN pour la retraite à 60 ans, d’autres contre l’Europe ou pour plus de protectionnisme. Mais la politique anti-immigrés de Le Pen et la préférence nationale ne les ont pas gênés ! Le fait de voter pour une organisation d’extrême droite profondément hostile à la classe ouvrière, à ses organisations, à ses militants et au communisme, ne les a pas plus retenus. Voilà une expression du grave recul de la conscience de classe de certains travailleurs.

Si demain des individus ou des groupes fascisants, encouragés par les scores du FN, s’en prenaient physiquement à des travailleurs étrangers, s’il y avait des associations de locataires se battant pour réserver des logements aux familles françaises, comment les électeurs de Le Pen réagiraient-ils ?

La conjonction de la crise économique et de l’instabilité politique est lourde de danger. Des réactions de colère peuvent émaner de catégories diverses et variées. Durant le quinquennat de Hollande, nous avons bien vu des manifestations de droite contre le mariage homosexuel et des manifestations de policiers réclamant plus de répression. Autant dire que les mobilisations, y compris celles portées par les travailleurs, peuvent prendre des directions complètement opposées : ou bien réactionnaires et antiouvrières, ou bien progressistes et allant dans le sens des intérêts de tous les exploités.

Et c’est précisément dans ces périodes que les travailleurs ont besoin d’avoir conscience de leurs intérêts économiques mais aussi politiques. Si l’on ne veut pas que les explosions sociales soient emmenées vers des impasses ou sur des voies réactionnaires, il faut que les objectifs de combat communs au monde du travail soient présents dans les têtes. Il faut que les travailleurs aient une boussole. Celle-ci ne peut être donnée que par un parti se plaçant clairement sur le terrain des intérêts de classe du monde du travail.

Renforcer la conscience de classe

Nous sommes les seuls à défendre une politique de lutte de classe et à utiliser les mots de classe ouvrière, d’exploitation, de bourgeoisie et de communisme. Le PCF, qui porte encore le nom de communiste, les a bannis de son vocabulaire.

Mais quand on les fait entendre, ces mots trouvent de l’écho. À la présidentielle, ils ont trouvé l’écho de 230 000 électeurs. C’est faible, comparé à l’ensemble de l’électorat mais, dans le combat social, la présence de 230 000 personnes peut contribuer à changer le cours des luttes. Et comment ces femmes et ces hommes ont-ils été touchés ?

La plupart nous sont inconnus et ont justement été touchés par ces mots. Parce que ces idées correspondent à ce que vivent nombre de travailleurs et qu’elles répondent à leurs besoins. Quand on parle d’exploitation, les femmes de ménage des hôtels Campanile, qui se battent en ce moment pour un treizième mois et la possibilité de faire des temps partiels de 30 heures au lieu de 25, savent de quoi il retourne ! Comme les travailleurs de chez Tati qui se battent pour sauver leur emploi parce que leur maison-mère ultra-bénéficiaire Eram a décidé de mettre sa filiale en liquidation.

Même les travailleurs de Whirlpool Amiens dont on a vu certains faire la claque pour Le Pen dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, en savent quelque chose. Parce que, avant de délocaliser, leur multinationale richissime les a pressés comme des citrons, leur reprenant des jours de RTT et leur imposant des samedis travaillés obligatoires pour des salaires bloqués.

Au-delà de notre score, l’élection présidentielle nous a donné la possibilité de porter la voix de centaines de milliers d’ouvriers. Avec les élections législatives nous continuons. Mais il faut que cette voix s’exprime au-delà de ces périodes électorales, au quotidien, dans les entreprises, chez Tati, chez Vivarte, chez Whirlpool. Il faudrait qu’elle s’exprime dans les quartiers populaires, dans chaque barre d’immeubles. Pour cela il faudrait des relais, il faut rassembler plus de militants et de sympathisants, il nous faut construire un véritable parti.

Construire un véritable parti

(…) Il faut un parti qui n’attende pas le changement des élections ; parce que le véritable pouvoir n’est pas dans les mains du président et de ses ministres, mais dans celles du grand patronat. Et parce que, au-dessus des lois décidées au Parlement, il y a le système capitaliste qui impose ses propres lois : les lois du profit et de la concurrence et de la compétitivité.

Il faut un parti qui dise aux travailleurs que, si l’on ne peut rien changer de l’intérieur du système politique, il est possible de le faire en s’appuyant sur les luttes collectives des travailleurs. Car ils ne sont pas démunis face au pouvoir du capital et ils constituent au contraire une force puissante, à condition d’en être conscients et d’avoir l’envie d’agir.

Il faut un parti qui ait la volonté et la capacité d’intervenir dans tous les domaines de la vie sociale pour faire prévaloir les intérêts des travailleurs. Cela nécessite que le monde du travail retrouve sa fierté et confiance en lui-même, malgré toutes les trahisons subies.

(…) Alors oui, les travailleurs doivent marcher la tête haute et affirmer leur fierté de tout produire, de soigner, d’éduquer, de permettre à tous de circuler, de se nourrir… Oui, il faut affirmer que nous sommes mille fois plus utiles que tous ces parasites qui nous font la leçon ! Il faut un parti qui popularise l’idée toute simple que les travailleurs font tout dans cette société et doivent collectivement en devenir les maîtres !

Contre les idées nationalistes/protectionnistes du PCF et Mélenchon
Renouer avec la conscience de classe et l’internationalisme

Alors que la bourgeoisie a toujours joué du nationalisme et du patriotisme pour embrigader les travailleurs derrière ses intérêts, le mouvement ouvrier révolutionnaire s’est construit sur l’appel de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! ». Que reste-il aujourd’hui de ce capital politique ?

Prenez Jean-Luc Mélenchon, qui a attiré une grande partie de l’électorat de la gauche dite radicale. Pour montrer que son mouvement n’avait rien à voir avec les idées communistes et internationalistes, il est allé jusqu’à interdire les drapeaux rouges et L’Internationale dans ses rassemblements, n’autorisant que les drapeaux bleu-blanc-rouge et La Marseillaise.

Il a mis au cœur de son programme la lutte contre l’Union européenne et ses traités. Il a prôné le recentrage de l’économie sur le local, avec une bonne dose de protectionnisme. Pour différencier son protectionnisme de celui de Le Pen, il l’a nommé « solidaire », mais il véhicule la même idée fondamentale : le danger réside dans la concurrence d’autres travailleurs et dans l’ouverture des frontières.

Ces idées ne sont pas nouvelles. Dès 1914, le Parti socialiste a bazardé l’internationalisme pour embrasser l’esprit cocardier et le drapeau de la bourgeoisie. Le PCF, qui lui avait succédé comme grand parti ouvrier, a ensuite défendu, repris à son compte le chauvinisme, pour le perpétuer jusqu’à aujourd’hui au travers du « produire français » et de la défense de « l’industrie française ». Ces mots d’ordre n’ont plus rien à voir avec les idées de lutte de classe.

Pendant que les licenciements, les fermetures d’entreprise et le chômage sont mis sur le dos de l’Union européenne et de ses traités, les requins capitalistes peuvent continuer d’agir en toute impunité. Le patronat peut bloquer les salaires, aggraver l’exploitation au travers des réductions des pauses, des hausses de cadences, des réorganisations, du recours aux heures supplémentaires.

La fortune de Besnier, propriétaire de Lactalis, un patron bien français, a augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, pour atteindre 10,5 milliards d’euros, le huitième rang des fortunes du pays. Comment ? En rançonnant les agriculteurs qui produisent le lait. Mais... c’est encore l’Union européenne qui est accusée ! Les grands actionnaires peuvent se frotter les mains : il n’est jamais question de leur rapacité ou de leur irresponsabilité, l’Union européenne leur sert de paravent.

Que ces idées soient défendues par Le Pen, les souverainistes de droite, les socialistes du genre de Montebourg, Mélenchon ou le PCF, elles font le jeu du patronat, elles brouillent les consciences et affaiblissent le monde du travail.

Être dans le camp des travailleurs, ce n’est pas opposer les travailleurs des différentes nations les uns aux autres, c’est reconnaître et dénoncer la guerre de classe que la bourgeoisie mène aux exploités, à tous les exploités, quel que soit leur pays.

Être dans le camp des travailleurs, c’est ne pas faire de différence entre travailleurs. C’est affirmer que les chômeurs français comme les chômeurs étrangers sont tous des chômeurs du capitalisme, des victimes au même titre de la classe capitaliste.

Être dans le camp des travailleurs, c’est être internationaliste et militer pour diffuser auprès des exploités la conscience d’appartenir à la même classe sociale. Être dans le camp des travailleurs, c’est avoir pour perspective de combattre l’exploitation et renverser le capitalisme. C’est être communiste.

Des perspectives communistes

Nous sommes communistes parce que nous combattons l’exploitation de l’homme par l’homme et toutes les formes d’oppression qui en découlent. Nous sommes communistes parce que nous aspirons à une société gérée fraternellement et démocratiquement par la collectivité de ceux qui travaillent et produisent. (…)

Du rêve, de l’utopie, nous répond-on souvent. Non ! L’utopie est de croire que l’humanité a un avenir dans le cadre du capitalisme. Huit personnes possèdent l’équivalent de la moitié de l’humanité. En France, 21 milliardaires possèdent autant que 25 millions de femmes et d’hommes ! Et c’est cette minorité qui, du haut de son capital, domine et oriente toute l’économie et la société. (…)

Je le dis aux plus jeunes : Rejetez l’individualisme et le carriérisme. Ne vous accommodez pas des injustices et de la barbarie montante ! N’acceptez pas ceux qui veulent vous ramener en arrière avec les préjugés nationalistes, racistes, les idées mystiques ou les idées rétrogrades, par exemple sur la place des femmes dans la société.

Tout cela ne disparaîtra que si la société se transforme en profondeur. Que si l’exploitation laisse place à une société libre, où chacun prendra part à la vie sociale tout en choisissant sa vie.

Alors, rejoignez-nous dans le combat révolutionnaire, pour que les générations futures puissent construire une société de justice, de fraternité, enfin débarrassée des classes sociales et de l’exploitation ! Œuvrez pour transformer la société en liant votre sort à celui du combat des travailleurs !

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