Gouvernement-syndicats : la crainte des réactions ouvrières07/06/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/06/p3_Manif_loi_travail_21_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Gouvernement-syndicats : la crainte des réactions ouvrières

Dimanche 4 juin au soir, selon le journal Les Échos, la ministre du Travail a fait joindre l’ensemble des responsables des confédérations syndicales. Il s’agissait de les rassurer quant au projet d’attaques contre les travailleurs révélé par la presse. D’après la ministre, il ne s’agirait que d’une version de travail, absolument pas officielle.

Illustration - la crainte des réactions ouvrières

La ministre a donc demandé aux confédérations de s’en tenir au contenu des discussions qui ont déjà eu lieu, en leur promettant qu’il y en aurait d’autres. Mais il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que d’une part le gouvernement, conformément à son programme, prépare une attaque brutale contre les travailleurs, et que d’autre part il préférerait le faire avec l’assentiment des confédérations syndicales. Macron a certes proféré, avant son élection, un certain nombre d’attaques contre les syndicats, qualifiés de non représentatifs et trop politisés. Mais il a bien pris soin depuis de les recevoir, de faire préparer une série de concertations, de promettre qu’on tiendrait compte des suggestions des dirigeants syndicaux.

Même dans la liste des attaques publiée par Le Parisien, les directions syndicales ne sont pas oubliées et quelques aumônes leur sont offertes. Macron a peut-être à moyen terme le projet d’inféoder encore un peu plus les appareils syndicaux aux volontés patronales. Mais il a surtout des problèmes à très court terme : quelles seront les réactions des travailleurs devant les attaques, comment faire pour que les centrales syndicales l’aident à faire passer la pilule amère, comment éviter que la CGT voire FO se sentent tenues d’offrir un cadre minimum à la colère des travailleurs ? Macron ne tient pas à voir se renouveler un mouvement comme celui de l’an passé contre la loi El Khomri, voire celui de 1995 contre la réforme de la Sécurité sociale.

Ce ne sont évidemment pas les confédérations syndicales et leurs obscures et tortueuses manœuvres que redoute Macron. Celles qui sont qualifiées de réformistes sont dévouées à l’État et au patronat, elles sont complices par avance de leur politique antiouvrière. Les autres ne sont guère prêtes à organiser une contre-offensive. En fait, le gouvernement et derrière lui le patronat craignent les travailleurs eux-mêmes. Ils craignent que ceux-ci finissent par rendre les coups et qu’ils retrouvent la conscience de leurs intérêts.

C’est précisément ce que l’accumulation des attaques finira par faire advenir, quelles que soient les précautions de langage du gouvernement.

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