États-Unis : climat de désaccord07/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2549.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : climat de désaccord

Le 1er juin, Trump a démonstrativement annoncé que les États-Unis se retiraient de l’accord de Paris contre le réchauffement climatique. Cet accord international, laborieusement élaboré en 2015 par la COP21, est supposé limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.

En fait, l’accord de Paris, qui avait été à l’époque présenté comme un succès historique de la diplomatie française, n’était qu’une déclaration d’intention de la part des dirigeants de près de 200 États. Le geste de Trump l’a ramené à ce qu’il était depuis le départ : un texte n’ayant rien de contraignant, que les États peuvent appliquer ou non au gré des circonstances.

Ce n’est pas la première fois que les États-Unis signent, puis se retirent d’un accord sur le climat. En 1997, Bill Clinton, qui occupait la Maison-Blanche, avait approuvé le protocole de Kyoto, mais le Sénat américain avait refusé à l’unanimité de le ratifier.

L’accord de Paris, lui, a bien été ratifié par les États-Unis l’an dernier, mais Trump a choisi de le dénoncer pour satisfaire la partie la plus nationaliste de son électorat. Selon lui, cet accord était au bénéfice « des capitales étrangères et des mondialistes, qui ont toujours cherché à s’enrichir aux dépens des États-Unis », et lui aurait imposé un « fardeau économique et financier ». C’était développer jusqu’au ridicule l’idée que la première puissance mondiale, dont les banques et les grandes entreprises dominent l’économie, dont l’armée est présente sur tous les continents, serait opprimée par le reste du monde.

Dans son discours du 1er juin, Trump a aussi réclamé de la justice « pour les États-Unis, leurs entreprises, leurs salariés, leur population », voulant faire croire à ses électeurs ouvriers, qui attendent toujours qu’il crée des emplois par millions, que leurs intérêts sont les mêmes que ceux des grandes entreprises. Ce n’est pourtant pas l’accord de Paris, entré en vigueur il y a sept mois, qui est responsable du chômage, mais bien le patronat.

Bien qu’il parle en son nom, une bonne partie de la bourgeoisie américaine juge cette décision de Trump irresponsable. Pas tant parce qu’elle se préoccupe du climat, mais parce que bien des grandes entreprises américaines ont investi depuis des années des capitaux dans les énergies non fossiles. Elles craignent de voir ce président, qui considère le réchauffement climatique comme un « canular inventé par les Chinois », arrêter de subventionner les énergies renouvelables et ruiner leurs espoirs de gros retours sur investissement.

C’est le cas de Walmart, qui équipe depuis des années les toits de ses supermarchés de panneaux solaires. Elon Musk, le patron de Tesla, qui produit des voitures électriques et qui a investi dans les panneaux solaires, vient de claquer la porte des instances chargées de conseiller Trump sur l’économie. Les patrons des géants de l’Internet, de General Electric, de Disney, de la puissante banque d’affaire Goldman Sachs, et même ceux des pétroliers Chevron et ExxonMobil, ont dit qu’ils désaprouvaient la décision de Trump.

Ces très grandes entreprises veulent rappeler au locataire de la Maison-Blanche qu’il est chargé de défendre leurs intérêts. En s’élevant contre sa décision, en s’inquiétant ouvertement des répercussions négatives des diatribes protectionnistes sur le commerce international, elles exercent une pression sur Trump et entraînent avec elles des dirigeants de grandes villes et d’États américains comme la Californie.

Un climatologue réaliste a déclaré que, déjà avant l’annonce de Trump, « la limite de 2°C était très difficile à respecter ». En effet, quelle que soit l’issue des pressions et des jeux de pouvoir à Washington, tant que l’économie sera motivée par la recherche capitaliste du profit maximum bien plus que par ce qui est nécessaire à l’humanité, celle-ci sera menacée par la catastrophe climatique… et aussi par bien d’autres.

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