Leur société

Toulouse : manœuvres contre des familles roms

Depuis plusieurs mois, les parents d’élèves de l’école élémentaire Bayard-Matabiau, dans le centre-ville de Toulouse, se sont organisés pour venir en aide à deux familles macédoniennes dont les enfants y sont scolarisés.

Ces familles roms étaient persécutées dans leur pays. Un des deux pères triait les poubelles sans permis et n’a pu payer l’amende réclamée. Il a dû fuir avec sa famille pour éviter la prison.

Après deux années d’errance en Europe et leur expulsion par l’Allemagne, ces familles ont demandé l’asile en France. Elles n’ont que peu de chance de l’obtenir car la procédure de Dublin peut entraîner l’expulsion vers le pays d’entrée dans l’Union européenne. Après différents squats, elles ont connu les prises en charge précaires du Samu social et la scolarisation pour les enfants. Elles ont aussi découvert la solidarité des parents d’élèves qui les ont accompagnées dans leurs démarches, leur ont fourni des paniers repas et des habits.

Fin avril, une des familles s’est retrouvée à la rue devant l’école. Le 115 ne lui accordait plus d’hébergement. Dans l’urgence, les parents se sont cotisés pour lui payer une nuit d’hôtel. Puis le lendemain, ils ont fait entrer les parents et leurs cinq enfants dans l’école afin qu’ils passent la nuit dans le gymnase. Voyant que les parents d’élèves étaient déterminés à ne pas laisser cette famille dans la rue, le 115 a fini par proposer un hôtel en banlieue toulousaine où elle réside toujours mais sans garantie de renouvellement. De plus, l’éloignement ne permet plus aux enfants de venir régulièrement à l’école.

Pour dénoncer cette situation, les parents d’élèves, soutenus par la FCPE, le DAL, la CGT et SUD, ont appelé à une réunion dans l’école. Bien avant sa tenue, un impressionnant mur d’une vingtaine de policiers, dont certains lourdement équipés, était déployé. Près de 80 personnes rassemblées restaient bloquées à l’extérieur de l’école : des parents d’élèves, les deux familles roms mais aussi des enseignants d’autres établissements venus dénoncer les conditions similaires de certains de leurs élèves et de leur famille. La salle de l’école où devait se tenir la réunion avait pourtant été dûment réservée mais, d’après les policiers, la mairie de Toulouse avait ordonné d’en interdire l’accès.

La réunion s’est donc tenue sur le trottoir. À l’heure de se séparer, les policiers vinrent réclamer les clés de la salle, disant que si les parents refusaient de les leur donner, ils les forceraient à rester la nuit devant l’école et donc à affaiblir la sécurité de la ville ! Les parents partirent, bien sûr en conservant les clés et en n’oubliant pas de souhaiter aux policiers une bonne soirée !

Depuis, tous ceux qui se sont mobilisés sont plus écœurés que découragés par les basses manœuvres de la mairie, épaulée par la police. Ils sont encore plus déterminés à se battre pour trouver une solution pérenne d’hébergement à ces deux familles avant la fin de l’année scolaire. La présence d’enseignants d’autres établissements est la promesse de futures mobilisations de plus en plus nombreuses.

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