Leur société

Chômage : cachez ces chiffres…

La nouvelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé qu’elle ne commenterait plus les résultats mensuels du chômage publiés par Pôle emploi. Ils seraient trop volatils et ne refléteraient pas la situation réelle.

Il est vrai qu’elle s’évitera au moins ainsi le supplice chinois que subissaient ses prédécesseurs. Mois après mois, il leur fallait trouver des adjectifs pour commenter ces chiffres et la fameuse courbe du chômage, dont Hollande avait annoncé la baisse sans que jamais les chiffres ne la confirment. À la fin de l’été, on avait ainsi eu droit à l’explication de la hausse par la crise de l’industrie touristique. À d’autres moments, c’était le chômage des jeunes qui avait peut-être amorcé une petite baisse, quand ce n’était pas un bug informatique qui expliquait tout…

Tout le monde, à commencer par les chômeurs, sait qu’entre ces chiffres et la réalité il y a une marge, ne serait-ce que parce que des milliers de chômeurs sont radiés pour des raisons administratives. Mais quand la ministre dit ne vouloir utiliser que les chiffres de l’Insee tous les trimestres, l’intérêt sera pour elle de commenter des chiffres tout aussi peu fiables, mais en tout cas moins mauvais. En effet, quand Pôle emploi annonce 3 472 000 chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, en avril 2017, l’Insee dénombre seulement (si on peut dire) 2 783 000 chômeurs au quatrième trimestre 2016.

Tous les trimestres ou tous les mois, les commentaires de la ministre du Travail ne changeront rien à la réalité dramatique du chômage de masse. Mais la première décision de Muriel Pénicaud au ministère a tout de celle du médecin qui casse le thermomètre pour pouvoir dire que le malade ne va pas si mal !

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