Politique

“Société civile” : des ministres liés au patronat

Le nouveau président s’est gargarisé du terme de société civile pour caractériser les ministres de son gouvernement qui ne sont pas des transfuges du Parti socialiste ou des Républicains. Outre le ridicule du terme, car à part les militaires il n’y a forcément que des civils, il serait plus juste de dire qu’une partie d’entre eux sont étroitement liés au grand patronat.

des ministres liés au patronat

C’est ainsi le cas de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Ancienne directrice des ressources humaines du groupe Danone de 2008 à 2013, elle y a appliqué un plan de 900 suppressions d’emplois, dont 200 en France, et remis en question de nombreux droits sociaux. Elle était auparavant directrice générale adjointe du groupe Dassault systèmes, chargée des ressources humaines. Elle a aussi pointé au conseil d’administration de grands groupes, comme Orange et Aéroports de Paris.

Le chef de cabinet qu’elle s’est choisi, Antoine Foucher, n’a rien à lui envier en matière de curriculum vitae. Ancien directeur des relations sociales à Schneider Electric, il avait été directeur général de ce que le Medef appelle son pôle social, et à ce titre le bras droit de Pierre Gattaz sur les dossiers de la pénibilité ou de l’assurance-chômage.

Du côté du ministère de la Santé, le tableau n’est guère différent. Agnès Buzyn, professeur d’hématologie et nouvelle ministre, a toujours été très proche des grands groupes pharmaceutiques, comme Novartis, pour lesquels elle a travaillé en tant qu’expert. Elle avait combattu l’obligation faite aux experts, après le scandale du Médiator, de déclarer tout lien d’intérêts avec les laboratoires, s’attirant de vifs reproches du docteur Irène Frachon qui s’était battue pour dénoncer au grand jour les méfaits du médicament. Son chef de cabinet, Gilles de Margerie, est du même registre. C’est un assureur, directeur général adjoint du groupe Humanis.

Dans son gouvernement, Emmanuel Macron a surtout réalisé un savant amalgame d’hommes et de femmes ayant servi le grand patronat, les uns dans les partis politiques, les autres à la direction d’entreprises. Et il voudrait faire croire que ce dosage sonne un renouveau de la vie politique !

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