Dans les entreprises

PSA – Rennes : la colère s’exprime

Avec le lancement de la fabrication de la nouvelle Peugeot 5008 à l’usine PSA de Rennes, la production a augmenté et la direction de l’usine a remis les ateliers en deux équipes, alors que depuis un an et demi ceux-ci fonctionnaient en une seule équipe de jour.

la colère s’exprime

Avec ce changement de rythme de travail et la volonté de produire beaucoup plus, les conditions de travail se sont durcies. La production est poussée au maximum, à la limite du faisable, et la flexibilité des horaires est utilisée en permanence pour rattraper les retards dus aux pannes et autres aléas d’approvisionnement. Cela a pour conséquence des journées à rallonge et des samedis travaillés parfois décidés deux jours avant. Des samedis travaillés ont été aussi décidés pour rattraper les jours fériés du mois de mai.

Ces méthodes brutales pour réaliser coûte que coûte la production sont très mal vécues. Le mécontentement est unanime et le malaise touche aussi l’encadrement intermédiaire, qui ne sait plus où donner de la tête pour répondre aux exigences de la direction, d’autant que, du fait des conditions de travail, une énorme proportion des voitures produites doivent être reprises en bout d’usine à cause de défauts de fabrication.

C’est dans ce contexte que l’idée d’un arrêt de travail à l’occasion d’un samedi travaillé a circulé dans l’usine, proposition soutenue par la CGT, qui a appelé tous les salariés présents le samedi 13 mai à un débrayage.

Immédiatement, les syndicats comme le SIA et FO ont fait de la propagande contre le débrayage, disant que tout arrêt de travail provoquerait immanquablement plus d’heures supplémentaires.

Par contre, le samedi matin, la CFDT s’est associée à l’appel de la CGT. À 11 h 30, après la dernière pause, une centaine d’ouvriers, dont une vingtaine d’intérimaires, sont venus au point de rassemblement prévu, sur un effectif de 300 à 350 au Montage. La production a quasiment été arrêtée.

Ce débrayage a été considéré comme une réussite par tous ses participants, mais n’a pas suffi à faire comprendre à la direction qu’elle devait revoir ses façons de faire. Elle s’est même crue capable d’annoncer que le jeudi de l’Ascension et le lundi de Pentecôte seraient travaillés. Cela a fait monter un peu plus la colère dans les ateliers et un nouveau débrayage a été organisé le vendredi 19 mai Et, cette fois, les deux équipes ont pu se retrouver pour dire non aux abus de la direction.

Histoire de faire peur, quelques cadres se sont permis de menacer des ouvriers en expliquant que, si la production ne se fait pas de façon satisfaisante, la nouvelle voiture pourrait être fabriquée en Espagne. Voilà le dialogue social dans cette usine : les dirigeants peuvent décider du jour au lendemain d’annuler deux week-ends de repos bien mérités mais, si les travailleurs protestent, ils sont menacés de fermeture de l’usine. Il n’est pas sûr que cela suffise à étouffer la colère.

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