Grèce : grève contre les nouvelles attaques17/05/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/05/2546.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : grève contre les nouvelles attaques

Le 17 mai, les syndicats grecs du public et du privé appelaient à la grève générale, certains secteurs, comme les transports (train, métro, bateaux) et les médias, commençant même à débrayer le 16 mai.

Des manifestations étaient prévues, pour protester contre les dernières mesures d’austérité imposées par les créanciers – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (FMI) – et acceptées par le gouvernement.

Le gouvernement de Tsipras a signé cet accord en échange d’une tranche supplémentaire de crédit, qui servira essentiellement à rembourser son échéance de 7 milliards d’euros en juillet prochain. Il espère aussi l’ouverture de négociations sur l’allègement de la dette, mais la contrepartie ce sont de nouvelles attaques, en particulier contre les retraités.

À partir de 2019, les pensions de retraite baisseront de 9 % en moyenne, et jusqu’à 18 %. Alors que la pension moyenne a déjà chuté de 40 % depuis 2010, 900 000 retraités qui touchent plus de 700 euros par mois pourraient ainsi perdre un à deux mois de revenu. À partir de 2020, ou 2019 si le gouvernement n’atteint pas les objectifs fixés par les créanciers, le seuil d’imposition passera de 8 600 à 5 600 euros, ce qui rendra imposables les retraités et les travailleurs déjà parmi les plus pauvres. L’objectif est de récupérer 3,6 milliards d’euros pour obtenir de nouveaux prêts et, si le pays se montre bon élève, le gouvernement aura l’autorisation d’utiliser une somme du même ordre pour prendre des mesures contre la pauvreté.

L’annonce du plan d’austérité a été donc accompagnée d’un catalogue de mesures que le gouvernement qualifie de positives, pour contrebalancer les sacrifices : une allocation logement, une enveloppe pour les allocations familiales, une aide aux repas pour les enfants scolarisés, un programme de crèches pour 30 % des enfants jusqu’à 4 ans, etc., à condition que le pays produise un excédent budgétaire qui satisfasse les créanciers.

Cet excédent, la Grèce l’a réalisé entre 2015 et 2016, et la population l’a payé d’un « énorme coût social », selon les mots mêmes du Premier ministre Tsipras. Les dépenses publiques ont été réduites de presque 10 milliards, aux dépens de services essentiels comme la santé et l’éducation.

Le chômage dépasse toujours officiellement 23 %, et 45 % pour les 15-24 ans. Neuf chômeurs sur dix ne touchent aucune aide. Deux ménages sur trois vivent avec moins de 1 000 euros par mois, soit 15 % de plus qu’il y a cinq ans. Les salaires ne sont pas versés régulièrement et certaines entreprises paient même une partie du salaire avec des bons d’achat à échanger dans des supermarchés. Les prix de nombreux produits avoisinent ceux des autres pays européens plus favorisés, et le taux de TVA a été relevé en février dernier. Plus d’un million et demi de particuliers et d’entreprises, souvent très petites, sont menacés de confiscation de leurs biens, pour des dettes envers l’État.

Dans ce désastre, le gouvernement continue à faire miroiter un allègement de la dette pour relancer l’économie. Mais les créanciers n’ont aucune intention d’épargner leurs débiteurs, après toutes ces années où les gouvernements de droite, de centre-gauche ou de la gauche dite radicale ont si bien satisfait à leurs exigences. Tout un pays a été ainsi dramatiquement appauvri pour qu’une poignée de grandes banques puissent continuer à engranger leurs intérêts.

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