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États-Unis : Trump et l’assurance médicale... à l’attaque contre les plus pauvres

Trump, qui depuis trois mois n’avait pas réussi à faire passer un seul de ses projets, a réussi, peu après 100 jours de sa présidence, à faire voter au pas de charge par les députés le détricotage de l’Obamacare, la loi d’Obama sur l’assurance médicale.

Il s’est empressé de célébrer ce vote par une cérémonie dans la roseraie de la Maison-Blanche, cérémonie pourtant réservée habituellement à la signature par le président d’une nouvelle loi. Pour l’instant, ce qu’on appelle déjà le Trumpcare, la loi de Trump sur l’assurance médicale, n’a été voté que par la Chambre des représentants et à une très courte majorité de quatre voix, vingt républicains ayant voté contre. Aucune date n’est avancée pour son passage au Sénat tant l’incertitude est grande sur le sort de ce texte !

Après avoir été obligé, il y a six semaines, de retirer son premier projet de loi, avant même le vote des députés, tant il était contesté, le but de Trump était d’obtenir qu’un texte soit voté pour enfin pouvoir se vanter d’un succès. Peu importe si le texte en question n’améliore en rien la couverture médicale de la population, bien au contraire.

Tout comme la loi d’Obama, le projet de Trump repose sur l’achat d’assurances médicales privées qui sont fort chères. Pour aider les gens à payer, l’État fédéral versait des subventions que Trump veut supprimer, ce qui n’arrange pas les compagnies d’assurances. Trump les autorise cependant à augmenter leurs tarifs, à faire payer les personnes âgées jusqu’à cinq fois plus que les jeunes, à ne plus inclure obligatoirement la couverture de certains risques dans leurs polices d’assurances, comme le remboursement des médicaments, les frais de maternité ou le traitement du cancer. Il les autorise à augmenter leurs tarifs pour les personnes ayant des antécédents médicaux, ce qui était formellement interdit par l’Obamacare et qui suscite une grande indignation ; il a fallu ajouter une petite aide financière de l’État fédéral dans ces cas-là pour obtenir le vote de républicains modérés.

Trump réduit d’un quart le budget de Medicaid, la couverture médicale de 74 millions de pauvres qui avait été étendue sous Obama. Il coupe dans le budget de Medicare, l’assurance médicale fédérale des retraités. Il réduit le financement des hôpitaux et des centres de planning familial, contraignant un certain nombre de cliniques à fermer. Enfin Trump supprime aussi divers taxes et impôts pesant sur les plus riches, sur les compagnies d’assurances, sur les fabricants de matériel médical.

La loi d’Obama avait rendu l’assurance médicale obligatoire sous peine d’amende. Les grandes entreprises avaient obligation d’assurer leurs salariés et tous ceux qui n’étaient pas couverts par leur employeur ou par Medicaid ou Medicare devaient souscrire à une assurance privée. Trump supprime cette obligation.

Si le Trumpcare était finalement adopté, ce qui est loin d’être fait car bien des républicains n’ont pas envie d’en porter le discrédit, les estimations officielles annoncent que plusieurs millions de personnes parmi les pauvres et les personnes âgées ne seront plus couvertes dès l’an prochain et que dans dix ans, 14 millions de personnes supplémentaires se retrouveraient sans assurance médicale.

La loi Trump favorise les riches et les jeunes s’ils sont en bonne santé. Par contre elle pénalise les malades, les vieux, les pauvres.

Un système de prévoyance médicale très coûteux, efficace surtout pour les gens bien portants, voilà ce que le pays le plus riche du monde a trouvé pour remplir les poches des compagnies d’assurances et des industriels de la santé. Une preuve de plus que les profits de quelques-uns vont à l’encontre de la qualité des soins offerts à l’ensemble de la population.

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