Mali : corruption, grèves et état d’urgence03/05/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/05/2544.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : corruption, grèves et état d’urgence

Le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a été mis en place par la France dans la foulée de son intervention militaire. L’armée française est toujours présente, soi-disant pour lutter contre le terrorisme mais surtout pour maintenir le pays dans l’orbite de l’impérialisme français. C’est la corruption du précédent président, Amadou Toumani Touré, renversé en 2012, qui avait ouvert à cette époque la voie à l’invasion des groupes djihadistes dans le nord du pays. Le régime actuel se révèle aussi pourri, comme le dénoncent nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) dans leur journal Le pouvoir aux travailleurs.

« Pour la quatrième fois depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta change de Premier ministre. Depuis le 8 avril dernier, c’est Abdoulaye Idrissa Maïga, ministre de la Défense dans le précédent gouvernement, qui remplace Modibo Keïta à la tête du gouvernement. Une des particularités de la nouvelle équipe est le nombre pléthorique de 36 ministres, c’est-à-dire autant de « portefeuilles » pour satisfaire de gros appétits. Le président malien a déjà un sobriquet qui lui colle bien : « Monsieur ma famille d’abord » Il faut croire qu’il a encore agrandi sa famille pour mieux vider les caisses de l’État !

Depuis plusieurs mois, le régime est confronté à une série de grèves dans la fonction publique. Ce sont les magistrats qui ont commencé à cesser le travail en janvier 2017. Suite au refus du gouvernement de répondre favorablement à leurs revendications, leur grève de « sept jours ouvrables » s’est transformée en « grève illimitée ». Par la suite le mouvement s’est étendu à d’autres secteurs de la fonction publique : les inspecteurs du travail, les employés du ministère des Affaires étrangères, ceux des collectivités territoriales, ceux des hôpitaux publics et tout dernièrement dans l’Éducation nationale.

Tous, malgré la diversité de leur statut et de leur corps de métier, réclament une amélioration de leurs conditions de travail et d’existence : versement de primes, changement de grille de salaires, intégration dans le statut de fonctionnaire de ceux qui sont restés jusqu’ici simples vacataires, remplacement de matériel de travail vétuste, etc.

Le nouveau Premier ministre, auréolé de son ancien poste de ministre de la Défense, croyait qu’il allait faire peur aux grévistes en montrant ses gros bras, mais il n’a pas réussi à intimider grand monde. Ce n’est que le 16 avril, au bout de 11 heures de négociations entre les syndicats de la Santé et le nouveau gouvernement, que les employés des hôpitaux publics ont décidé de mettre fin à leur grève de 38 jours, la plus grosse grève du secteur hospitalier depuis trente ans. Voici ce qu’a déclaré un responsable du syndicat après cette négociation : « Sur les neuf points, nous avons obtenu huit points d’accord et un point d’accord partiel. Nous avons demandé une augmentation de la prime de fonction spéciale, nous avons reçu 100 % de l’existante. Concernant l’intégration des contractuels, le principe est déjà acquis. »

Quant au mot d’ordre de grève des enseignants, il est maintenu car jusqu’à présent ils n’ont pas obtenu satisfaction. Les élèves et les étudiants sont inquiets de vivre une année blanche ; ils commencent à montrer des signes d’agitation et demandent au gouvernement et aux enseignants de se mettre autour d’une table pour négocier.

Pour le moment, le gouvernement semble avoir choisi de faire la sourde oreille et de rouler des mécaniques. Il a déclaré l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire pour une durée de dix jours à compter du 19 avril. Officiellement, c’est pour faire face à la menace terroriste, mais personne n’est dupe pour croire que cela va intimider des djihadistes fanatisés. En vérité, l’instauration de l’état d’urgence dans une grande ville comme Bamako est surtout destiné à intimider la population. Au nom d’une prétendue sécurité publique, le gouvernement va interdire par exemple toute manifestation, attroupement ou occupation de lieux publics. Il s’apprête probablement à réquisitionner les enseignants pour les obliger à travailler sous peine de poursuite pénale.

Dans le passé, les employés de l’administration, les enseignants et les étudiants ont su mener des luttes, y compris sous la dictature sanguinaire de Moussa Traoré. Si le président Ibrahim Boubacar Keïta veut jouer les gros bras avec eux, il aura peut-être des surprises comme l’ancien dictateur. »

Partager