Regroupement familial : démagogie xénophobe12/04/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/04/2541.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Regroupement familial : démagogie xénophobe

Plusieurs candidats à l’élection présidentielle parlent de freiner le regroupement familial. François Fillon et Emmanuel Macron proposent de durcir le processus. Marine Le Pen parle de « mettre fin à l’automaticité du regroupement ».

En fait, le regroupement familial, permettant à un étranger installé en France de faire venir son conjoint et ses enfants, ne concerne que 12 000 personnes environ par an, sur 220 000 étrangers obtenant un premier titre de séjour. Ce processus, déjà bien compliqué, n’a rien d’automatique.

Selon la loi, la procédure devrait durer entre six et neuf mois. Elle peut durer en fait plusieurs années. Le journal Libération du 14 mars cite le cas de Rébecca, 32 ans, Camerounaise et mère de deux garçons de 5 et 1 an. Son mari n’a jamais vu son fils depuis sa naissance. La préfecture a refusé le regroupement familial à cause de revenus jugés insuffisants. Après un recours auprès du ministère de l’Intérieur, car la préfecture avait confondu son salaire brut avec le net, le refus a été confirmé, sous prétexte qu’elle n’est pas en CDI. Comme il faut attendre un an pour reconstituer un dossier, la procédure risque de prendre en tout trois ou quatre ans, si elle aboutit.

Pour Kamel, 40 ans, Tunisien, jardinier en CDI, la préfecture avait donné un avis favorable à la venue de sa femme, après deux ans et demi d’attente. Mais celle-ci est tombée enceinte, et une petite fille est née après l’avis favorable de la préfecture. Le regroupement a finalement été refusé, le logement de 28 m² étant jugé trop petit pour trois personnes. La norme serait de 32 m².

En parlant du regroupement familial comme d’un droit automatique, Marine Le Pen ignore volontairement ces obstacles, qui limitent déjà le droit des étrangers à vivre avec leur famille. Tous ceux qui proposent de limiter encore ce droit, elle comme Fillon et Macron, n’hésitent pas à conforter les préjugés d’une partie de l’électorat contre les immigrés, quitte à leur compliquer encore plus la vie, en continuité avec la politique de Hollande et de Sarkozy avant eux.

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