États-Unis – Égypte : le dictateur Sissi reçu par Trump05/04/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/04/2540.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis – Égypte : le dictateur Sissi reçu par Trump

Yes, we can : c’est ce qu’a dû se dire le président Trump en accueillant l’ex-maréchal Sissi, dirigeant-dictateur d’Égypte, à la Maison-Blanche le 3 avril. Son prédécesseur Obama s’était en effet toujours refusé, symboliquement en tout cas, à le faire.

C’est « un gars fantastique », qui « a pris le contrôle de l’Égypte, vraiment pris le contrôle », disait Trump de Sissi il y a quelques mois. Et, même si l’entrevue ne présente pas la totalité du décorum d’une visite officielle, c’est bien un allié précieux que le président américain a reçu et couvert de louanges et de dollars.

On peut supposer que leurs échanges n’auront pas porté sur les droits bafoués des Égyptiens qui font grève, qui manifestent, qui contestent le régime, ou même simplement qui expriment, sur les réseaux ou dans la presse, des opinions contraires à celles d’al-Sissi. Il n’aura pas été question des 912 victimes de “disparition forcée” recensées par la commission égyptienne des droits et libertés entre août 2015 et août 2016. Pas davantage des 433 détenus maltraités ou torturés reçus en neuf mois par le centre al-Nadim du Caire, spécialisé dans l’aide à la réadaptation des victimes de tortures et de violences. Il n’aura pas été question des locaux et de la clinique de ce centre, placés sous scellés depuis début février dernier, de sa responsable interdite de quitter le pays. Les deux hommes n’auront pas évoqué les ONG égyptiennes muselées ni leurs militants traqués. Des militants des droits, juristes, avocats, sont interdits de sortie du territoire, ou mis en arrestation, comme Azza Soliman, responsable de l’association d’assistance juridique aux femmes égyptiennes.

Sissi montrerait, selon Trump, « une compréhension profonde de ce qui se passe dans la région [proche-orientale] et en Égypte en particulier ». Est-ce qu’il a cherché des solutions à la situation désastreuse de la population égyptienne, dont au moins un tiers vit sous le seuil de pauvreté, dans l’incapacité de se procurer les médicaments au prix devenu inabordable depuis la dévaluation de la livre égyptienne ? Est-ce qu’il a évoqué l’augmentation du carburant, du sucre, du gaz, de l’huile, les salaires très insuffisants et les multiples protestations contre des patrons milliardaires ?

Non, bien sûr. L’argent que Sissi est venu chercher, c’est le prolongement de l’aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars, et la compréhension que Trump attend de lui, c’est celle des intérêts des grandes puissances, en particulier des multinationales américaines, dans cette région du monde où, avec l’Arabie saoudite et la Jordanie, le gouvernement égyptien aspire à faire régner l’ordre impérialiste.

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