Dans les entreprises

Suicide au travail : censure sur France Inter

Les médias ne parlent quasiment jamais des morts au travail, pourtant quotidiens, par accident ou suicide, et encore moins de la responsabilité patronale. Une fois n’est pas coutume, une chronique de deux minutes et demie l’a évoquée… mais elle a été immédiatement censurée !

« Édouard ou la mort d’un cheminot », c’était le titre d’un billet émouvant et révolté de la comédienne et humoriste Audrey Vernon sur France Inter le 17 mars. Elle rendait tout d’abord hommage à ce militant : « Il avait 42 ans. Il était syndicaliste et harcelé par sa direction. Il n’avait plus de poste, allait être muté et sanctionné, il avait fait un truc très grave, il avait “soutenu le regard” (…) Vous allez me dire peut-être qu’il abusait aussi, qu’il se battait pour un jet, une piscine à bulles et un salaire de PDG… Même pas ! Il se battait juste pour que les temps d’habillage et de déshabillage soient comptés dans le temps de travail… comme les strip-teaseuses. »

Mais elle dénonçait aussi sans détour la responsabilité des patrons d’entreprises publiques : « Ça va pas la tête ! (…) Les dirigeants des entreprises publiques, en ce moment, ils ne font pas gaffe aux travailleurs. Leur objectif, à la SNCF, La Poste ou l’hôpital, c’est plus de faire rouler les trains, envoyer des lettres ou soigner des gens. Non, leur objectif c’est d’être rentables comme une entreprise privée. »

Elle concluait par ces mots : « Je voudrais dire aux infirmières, aux cheminots et aux postiers que je ne sais ni conduire un train, ni faire un garrot, que je suis nulle en vélo. C’est vous qui faites tourner le monde. S’il vous plaît, continuez, arrêtez de vous suicider ! »

Immédiatement, la SNCF a demandé à France Inter de retirer la chronique incriminée de son site Internet, empêchant sa réécoute. La radio s’est prestement exécutée et, en lieu et place de la chronique, figurait le bandeau surréaliste : « La chronique s’est perdue dans les tuyaux de la Maison de la Radio ».

France Inter avait comme slogan : « Écoutez la différence ». C’est plutôt : « Écoutez la déférence » !

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