Dans le monde

Migrants : des barrières contre les pauvres

Le 20 mars, les ministres de l’Intérieur européens du groupe de contact sur la Méditerranée ont discuté d’un plan pour stopper les migrations avec l’aide du gouvernement libyen.

Au même moment, les ONG tiraient à nouveau la sonnette d’alarme sur la situation catastrophique des migrants. Plus de 3 000 d’entre eux ont dû être secourus au large de la Libye dans la seule journée du 19 mars. Avec la fin de l’hiver, les traversées vont reprendre plus nombreuses et l’Europe n’a que des frontières fermées et des camps de rétention surpeuplés à proposer aux survivants.

On estime à 180 000 le nombre de migrants arrivés en Italie dans l’année 2016. Ils sont plus de 60 000 piégés en Grèce, sur les frontières des Balkans, mais surtout dans les îles où des centres d’hébergement devaient leur permettre de faire leur demande d’asile. En réalité, d’après l’ONG Human Rights Watch, c’est « un véritable désastre, (…) les demandeurs d’asile vivant dans des conditions affligeantes ». Un Syrien raconte qu’après avoir été torturé dans les prisons d’Assad, il a été détenu comme un criminel pendant deux mois à Lesbos avant d’obtenir sa carte de demandeur d’asile.

Vu la lenteur des formalités administratives, la grande majorité des réfugiés végète depuis des mois, voire un an, dans les centres d’enregistrement de cinq îles grecques, où règnent la surpopulation et un climat de violence dramatiques pour les plus vulnérables : les cas de dépression et de stress aigu, les tentatives de suicide se multiplient. L’angoisse s’accroît avec la peur d’être renvoyé en Turquie, un pays présenté lors de l’accord avec l’Union européenne, et contre toute évidence, comme un refuge sûr pour les demandeurs d’asile.

C’est le même type d’accord que les gouvernements européens recherchent avec la Libye. Ce n’est pas le sort que les réfugiés pourraient y trouver qui les fait hésiter à fournir à ce pays en pleine instabilité les radars, les embarcations et les hélicoptères qu’il réclame pour retenir ou récupérer les migrants. Ce qui les inquiète ce serait de voir ces équipements tomber aux mains de milices autres que les armées officielles avec qui ils discutent.

Récemment, l’agence Frontex, garde-frontière de l’Europe, a clairement accusé les navires des ONG de se faire les auxiliaires des passeurs. Les dirigeants de l’Union européenne voudraient rejeter les migrants d’où ils viennent. C’est une infamie révélatrice de ce que sont ces gouvernants qui ne cherchent qu’à ériger sans cesse des frontières contre les pauvres.

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