Salon de l’agriculture : veaux, vaches, cochons, couvées… et réalité08/03/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/03/2536.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salon de l’agriculture : veaux, vaches, cochons, couvées… et réalité

Le Salon de l’agriculture vient de fermer ses portes, avec plus de 600 000 visiteurs. Ce salon est un peu comme celui de l’auto. Les vaches sont tondues, brossées, bichonnées pour être exposées au public, avec concours de beauté, remise de médailles et visites de ministres, président et politiciens bourgeois candidats à la présidentielle, tous venus faire leur numéro de caresses et s’obligeant à avaler charcuteries et fromages sous les caméras.

Mais la réalité de l’agriculture ne correspond guère à cette vitrine. De plus en plus nombreux sont les agriculteurs, en particulier éleveurs et producteurs de lait, qui n’y arrivent plus et cessent leur activité. D’année en année, le nombre d’exploitations ne cesse de diminuer : 26 % de moins entre 2000 et 2010 et encore 8 % de moins entre 2010 et 2013.

Comment vivre de son travail, en effet, quand en 2015, le prix du lait payé au producteur a chuté de 20 %, laissant de nombreux producteurs sur le carreau. Ce sont les petits évidemment, car les plus gros profitent au contraire de la crise du lait en rachetant à ceux qui sont mis en faillite leurs droits de production laitière et leurs terres. En trois ans, les grandes exploitations ont ainsi grandi en surface de 9 %.

Dans de nombreuses petites exploitations, l’apport d’un salaire extérieur est devenu absolument nécessaire pour tenter de tenir. Aujourd’hui, dans le monde agricole, deux femmes sur trois travaillent hors de la ferme, en usine, dans un supermarché, à l’hôpital… Le travail agricole seul est source de ruine.

Au fond, c’est la démonstration que la vie des petits agriculteurs n’est pas très différente de celles des travailleurs des villes. Bien que non salariés et propriétaires en titre, mais en sursis, de leurs terres, beaucoup d’entre eux, qui croient travailler pour eux-mêmes, sont en réalité soumis à la toute-puissance de grands groupes capitalistes, industriels transformateurs et distributeurs, qui s’entendent sur leur dos pour tirer vers le bas les prix qui leur sont payés.

Les petits agriculteurs sont confrontés aux capitalistes de l’industrie et de la distribution tout autant que les travailleurs salariés. Il sont aussi confrontés aux capitalistes de la terre, qui forment un seul bloc avec les autres. On voudrait faire croire aux petits agriculteurs qu’ils peuvent se défendre seuls, avec à leur tête de gros propriétaires tels que l’ancien président de la FNSEA, Xavier Beulin, récemment décédé, qui cumulait les fonctions de gros céréalier sur 200 hectares et de patron d’un très grand groupe de l’industrie agroalimentaire. C’est un leurre et une impasse.

Le système capitaliste ne profite qu’à une petite minorité de possédants. Les petits producteurs en sont les victimes, comme les travailleurs salariés, alors que ce sont eux qui créent ensemble les richesses. Mettre fin à cette société d’exploitation et d’injustice est leur intérêt commun.

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