Leur société

Petits patrons : les risettes de Fillon, Macron, Le Pen

Lundi 6 mars, Fillon, Macron et Le Pen se sont rendus à l’invitation de la CPME, la confédération des patrons des petites entreprises. Ils ont tous les trois fait des promesses alléchantes à ces patrons, loin d’être tous petits.

Si Fillon l’a emporté à l’applaudimètre en promettant de « casser la baraque » et de provoquer « un choc de compétitivité », Macron avait ses fans. Ce n’est pas une surprise tant, comme l’écrit le journal Les Échos, « Fillon et Macron convergent sur les PME ». Comme l’a résumé l’un des responsables patronaux présents à cette audition : « Un ticket Fillon-Macron nous irait très bien. » On ne saurait être plus clair !

Comme les cinq « grands » candidats, Mélenchon inclus, Fillon et Macron veulent réduire l’impôt sur les sociétés de 33 à 25 %. Tous deux promettent en plus de limiter à 30 % les prélèvements sur les revenus du capital, cotisations sociales incluses. Tous deux s’engagent à réduire voire supprimer l’ISF.

Ils promettent de fusionner en une seule instance, dans toutes les entreprises, la représentation du personnel, ce qui réduira encore un peu les moyens légaux des délégués des travailleurs. Ils s’engagent tous les deux à démolir un peu plus le Code du travail, déjà remis en cause par la loi travail, en renvoyant l’essentiel des règles à la négociation par entreprise. L’un et l’autre se préparent à légaliser les baisses de salaire et l’allongement du temps de travail.

Macron a rejoint Fillon en promettant de suspendre le compte pénibilité. Ce dispositif a été présenté par Hollande et la CFDT en 2013, comme une concession aux travailleurs pour leur faire accepter un allongement de la durée des cotisations retraites. Mais il est si complexe et si limité qu’il ne permet pas aux travailleurs concernés de profiter d’une retraite anticipée. Malgré tout, les patrons petits et grands n’ont jamais accepté ce compte, qui entrave si peu que ce soit leur droit à exploiter les travailleurs.

Quant à Le Pen, les incertitudes qu’elle entretient sur la sortie de l’euro, sa promesse bien vague de rétablir la retraite à 60 ans ou sa taxe sur les importations, déplaisent au milieu patronal. Elle n’en a pas moins été bien reçue par les petits patrons. Fustigeant les banques et les grands groupes du Cac 40, elle a promis de leur réserver les commandes publiques, de baisser les taux de leurs crédits, de geler les constructions de grandes surfaces. Elle s’engage, elle aussi, à baisser l’impôt sur les sociétés pour les PME et les TPE, de 33 % à 15 %. Ces deux catégories regroupent toutes les entreprises jusqu’à 250 salariés. Et les 5 000 entreprises restantes disposent déjà d’une multitude de moyens pour échapper à cet impôt.

Comme Fillon et Macron, Le Pen fait des déclarations d’amour aux patrons qu’elle préfère nommer les « indépendants », un terme plus neutre socialement : « Comme il y a une identité nationale, il y a une identité économique. La nôtre, ce sont les indépendants. »

Les travailleurs sont prévenus : si Fillon et Macron sont les candidats officiels des patrons, Le Pen est tout autant disposée à les servir.

Partager