Leur société

Revenu universel : un “ futur désirable ” ?

Hamon a séduit un certain nombre d’électeurs de gauche en proposant un revenu universel. Les modalités de mise en œuvre de cette mesure ont cependant changé au fur et à mesure de sa campagne pour les primaires, sous les coups des diverses critiques émanant même de son propre camp. Ce seul fait devrait suffire à éveiller une saine méfiance. Mais que propose donc Hamon, si l’on s’en tient à la dernière version de son programme disponible sur son site de campagne ?

« Je mettrai en place un revenu universel d’existence pour éradiquer la grande précarité et contribuer à définir un nouveau rapport au travail. Pour la première étape, dès 2018, le RSA sera augmenté de 10 % à hauteur de 600 euros et versé automatiquement à tous les ayants droit », nous dit-il. Les propositions sur lesquelles il dit s’engager dans un avenir proche sont bien dérisoires. Mais que prévoit-il par la suite ? « Une grande conférence citoyenne sera ensuite lancée » pour fixer les « montant, financement, articulation avec les autres allocations sociales, calendrier de mise en œuvre. Ce revenu sera ensuite étendu à l’ensemble de la population. À terme, il atteindra la somme de 750 euros. » Voilà bien un moyen de repousser la mise en place de cette mesure aux calendes grecques.

Hamon ne propose de toute façon aux classes populaires qu’une allocation, pas un travail et un salaire. Et de plus, une allocation de 750 euros, qui ne permet certainement pas de vivre correctement.

En outre, il n’envisage pas autre chose que de faire financer cette mesure par les travailleurs eux-mêmes, et pas par les patrons.

Concernant le financement, il a dit beaucoup de choses. Il a été question de lutte contre l’évasion fiscale, de taxe sur les robots. Hamon s’est défendu de vouloir augmenter les impôts. Mais son programme parle aussi d’« articulation [du revenu universel] avec les autres allocations sociales ». Articulation ou fusion ? Ce revenu universel viendrait-il en remplacement d’autres allocations ? En partie ou en totalité ? Durant sa campagne, tout en affirmant que « le revenu de base doit renforcer, et non pas réduire la protection sociale des Français », le candidat a évoqué des « fusions ciblées » avec certaines aides sociales. Trois d’entre elles ont même été explicitement citées : les minimas sociaux, les aides au logement et les prestations familiales. Une personne seule vivant en Île-de-France et qui touche le RSA ainsi que l’aide personnalisée au logement pourrait alors être perdante, puisqu’elle peut aujourd’hui obtenir un peu plus de 800 euros par mois.

Guillaume Balas, conseiller de Benoît Hamon chargé de ce dossier, a avoué que tout n’était « pas tranché politiquement ». C’est le moins qu’on puisse dire.

Même s’il voyait le jour, ce revenu universel consisterait en quelque sorte à mutualiser les ressources de la classe ouvrière. Les riches continueraient à être riches. Les patrons des grandes entreprises continueraient à encaisser les profits réalisés sur le dos des travailleurs et à licencier pour les maintenir. Un tel revenu pourrait même être une arme dans leurs mains pour baisser les salaires, la faiblesse de ceux-ci pouvant être compensée par la société. Voilà au mieux ce que serait le « futur désirable » dont parle Hamon.

Hamon ne veut surtout pas remettre en cause le pouvoir des capitalistes sur l’économie. Il essaie seulement de vendre des illusions.

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