Tarnac : mensonges d’État18/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2529.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tarnac : mensonges d’État

Mardi 10 janvier, la Cour de cassation a confirmé la décision prise en juin 2016 par la cour d’appel de Paris d’abandonner la circonstance aggravante « d’entreprise terroriste » à l’encontre de Julien Coupat, de sa compagne Yildune Lévy, et de six autres personnes du prétendu « groupe de Tarnac », accusés sans preuve d’avoir organisé le sabotage d’une ligne TGV à l’automne 2008.

Ils sont cependant renvoyés devant un tribunal correctionnel. L’affaire est donc loin d’être close huit ans après les faits.

S’il est avéré qu’un fer à béton a bien été posé sur un caténaire en Seine-et-Marne dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, occasionnant un retard pour un TGV, le reste du dossier est vide. Des preuves ont été fabriquées, les avocats de la défense accusent les policiers d’avoir rédigé un faux procès-verbal de filature et un relevé bancaire certifie la présence de ­Yildune Lévy à un distributeur de billets à Paris au moment où elle est censée saboter la ligne TGV.

Ce qui sautait aux yeux dès le début de l’affaire a cependant été confirmé par la justice : la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle ­Alliot-Marie, avait monté de toutes pièces une affaire de terrorisme d’extrême gauche, anarchiste, s’appuyant entre autres sur un pamphlet attribué à Julien Coupat, vendu en librairie, L’insurrection qui vient. Ni le président Sarkozy ni son Premier ministre Fillon ne pouvaient ignorer l’absurdité de l’opération. Mais la machine était lancée, des dizaines de policiers antiterroristes investissaient le petit village de Tarnac. Julien Coupat allait rester six mois en prison et ­Yildune Lévy trois mois.

Alors que le candidat Hollande avait promis en 2012 de lever le secret-­défense autour de l’affaire, la procédure s’est poursuivie sous la gauche. Il est vrai qu’entre temps, sur le terrain sécuritaire, celle-ci a fait pire que la droite : elle a fait entrer l’état d’urgence dans les mœurs, augmenté les pouvoirs de la police et instauré les assignations à résidence. De quoi multiplier les affaires ­Coupat dans les années qui viennent.

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