Dassault : les vœux d’un marchand d’armes18/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2529.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Dassault : les vœux d’un marchand d’armes

Comme à son habitude, début 2017, Serge Dassault n’a pas manqué d’adresser ses vœux aux lecteurs du Figaro. Préalablement, dès le 23 décembre, il avait cependant pris soin de s’offrir un joli cadeau de Noël en faisant détruire plus de 800 000 actions Dassault-Aviation.

Cette opération financière avait débuté avec le rachat, à prix d’amis, de ces actions jusqu’alors détenues par Airbus. Mais Dassault lui-même n’a pas mis un centime dans l’opération, c’est la trésorerie de Dassault-Aviation qui a servi à les financer. Ce tour de passe-passe est tout bénéfice pour les actionnaires, au premier rang desquels figure la famille Dassault avec plus de 60 % du capital. L’action Dassault-Aviation a ainsi bondi de plus de 11 % en l’espace de trois mois, et surtout les dividendes versés aux actionnaires du fait de la concentration du capital n’en seront que plus plantureux.

Aux travailleurs de l’entreprise, la direction générale déroule son non moins traditionnel discours : cette année, c’est l’annulation de commande de Falcon qui sert de prétexte au sempiternel refrain alarmiste. Il y a encore seulement quelques mois, à la suite des commandes Rafale à l’export, Trappier, le PDG, claironnait qu’il s’agissait d’une victoire de tous et annonçait même des milliers d’emplois qui en résulteraient.

Non seulement il n’y a pas eu d’embauches, mais aujourd’hui tous ceux qui travaillaient soit en sous-traitance, soit en intérim sur les sites Dassault-Aviation ont été virés. C’est une politique de l’emploi conforme aux vœux du milliardaire et qu’il souhaite généraliser : « Il faut très vite généraliser les contrats de projets, à durée limitée, qui prennent fin automatiquement quand le projet qui le justifie est arrivé à son terme », écrit-il à l’intention des lecteurs du Figaro. Les profits d’abord !

Pour cela Serge Dassault est prêt à s’accorder avec le diable et sa grand-mère : ainsi la presse, photos à l’appui, révélait il y a quelques jours, qu’en 2006, alors que Kadhafi était encore reçu en grande pompe en France par Sarkozy, Dassault tentait, lui, de son côté, de vendre son engin de mort au dictateur. Il mettait ainsi les petits plats dans les grands et offrait au fils du président libyen un essai en vol de démonstration sur le Rafale biplace à Istres, en présence du PDG Trappier. Si finalement l’affaire a capoté, c’est qu’après avoir fait frétiller le marchand de canons, Kadhafi s’était ravisé.

Cela n’empêche pas Dassault de parler dans ses vœux de lutte contre le terrorisme, avec un cynisme certain : « Ne nous y trompons pas : la bataille contre la barbarie islamiste à l’extérieur et à l’intérieur de nos frontières sera longue, très longue », a-t-il dit. Sans doute ! Car ce ne sont pas les bombardements des populations par l’aviation française, vitrine commerciale de Dassault, ni la vente de Rafale à l’Égypte, en partie financés par l’Arabie saoudite, ni les ventes d’armes au Qatar qui mettront fin au terrorisme. Mais le fait que les guerres au Moyen-Orient puissent durer n’effraie sans doute pas Dassault, ses affaires ne s’en porteront que mieux.

Dassault prodigue ses conseils, donne des leçons de morale et touche les dividendes de la guerre et de l’exploitation.

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