Procès des biens mal acquis : les plus grands profiteurs ne sont pas poursuivis11/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2528.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès des biens mal acquis : les plus grands profiteurs ne sont pas poursuivis

Le procès du fils du président de la Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, lui-même vice-président du pays, devait s’ouvrir lundi 2 janvier à Paris. Il a été reporté au mois de juin à sa demande. Teodorin Obiang est accusé de blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption.

Ce procès fait suite à une plainte déposée par des associations de lutte contre la corruption et vise ce que celles-ci appellent les « biens mal acquis », c’est-à-dire les biens acquis en France par de l’argent issu de la corruption et du détournement de fonds publics en Guinée équatoriale.

Teodorin Obiang s’est en effet constitué une fortune de plusieurs centaines de millions de dollars en s’appropriant une partie des revenus de l’État guinéen. Propriétaire entre autres d’un hôtel particulier de 4 000 m2 avenue Foch à Paris et de dizaines de voitures de luxe, il a détourné des sommes colossales, dans un pays où plus de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. La justice française en a saisi une toute petite partie en 2011 et 2012, sans que cela remette en cause ni le train de vie de Teodorin Obiang, ni sa position politique.

En effet, la Guinée équatoriale possède d’importantes réserves de pétrole et de gaz et les compagnies étrangères qui y exploitent les hydrocarbures ne se privent pas d’arroser au passage la famille qui détient le pouvoir. Le père de Teodorin Obiang, Teodoro Obiang, lui aussi richissime, est au pouvoir depuis 1979 et a d’excellentes relations avec les dirigeants des grandes compagnies pétrolières comme avec ceux des États impérialistes, qui n’ont jamais été gênés par ce pillage des ressources de l’État guinéen.

Au contraire, l’État français a tout fait pour éviter que la plainte des associations contre ses protégés aille jusqu’au bout. Les procédures traînent depuis 2007 et, pour l’instant, seul le fils du président a été poursuivi. D’autres plaintes, qui visent son père ainsi que les dictateurs du Gabon et du Congo-Brazzaville, Ali Bongo et Sassou-Nguesso, n’ont toujours pas abouti. Il faut dire que ces deux derniers sont des piliers de l’impérialisme français en Afrique.

Le pillage direct des caisses de l’État par des dictateurs sans scrupules, tout révoltant qu’il soit, n’est que la partie émergée de l’iceberg du pillage impérialiste de l’Afrique. En Guinée, comme au Gabon et au Congo, cela fait des décennies que les compagnies pétrolières américaines et européennes réalisent des profits colossaux, avec l’aide politique et, si besoin, militaire, de leurs États respectifs, prêts à soutenir les régimes les plus oppressifs. Malgré le fait que leurs biens soient tout autant « mal acquis » que ceux des dictateurs africains, les actionnaires de Total ou d’ExxonMobil ne sont pas près de se retrouver sur le banc des accusés.

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