États-Unis : Trump, nouveau porte-parole de la bourgeoisie16/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2520.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Trump, nouveau porte-parole de la bourgeoisie

Aux États-Unis, la victoire de Donald Trump a surpris non seulement les médias, qui misaient sur Clinton, mais aussi toute une partie de la population. Plusieurs manifestations ont rassemblé des milliers de jeunes, de démocrates notamment, révulsés qu’un tel démagogue puisse parvenir à la Maison-Blanche. Ils demandent en particulier au collège électoral de ne pas élire Trump.

Il est vrai qu’avec environ 60,5 millions de voix, sur 230 millions d’Américains en âge de voter, Trump a même recueilli moins de voix que sa concurrente (61,3 millions). On a connu système plus démocratique ! Mais Clinton n’a jamais contesté le système du collège électoral et elle a d’ailleurs vite reconnu sa défaite.

L’élection de Trump est le fruit pourri des huit années au pouvoir des démocrates, et même des seize années qu’ils ont passées au pouvoir depuis 1992. Pendant toutes ces années, les travailleurs ont vu leur condition se dégrader, leurs revenus baisser, leurs emplois se précariser et l’éducation publique se délabrer. C’est tout cela qui a été rejeté le 8 novembre. Les républicains n’ont pas progressé en voix ; en revanche, les démocrates en ont perdu 8 millions par rapport à 2008, alors que la population en âge de voter a augmenté de quelque 20 millions.

Un nouveau discours

Le 9 novembre au matin, quand l’élection de Trump a été acquise, les marchés boursiers ont eu un trou d’air, et Trump a vite envoyé des signaux visant à les rassurer, avec un discours consensuel. Alors qu’il parlait pendant la campagne de faire traduire en justice Hillary Clinton et de l’envoyer en prison, il a salué ses services rendus au pays. Les Bourses ont vite remonté, ce qui est logique, après la victoire d’un magnat de l’immobilier multimilliardaire, patron de combat de surcroît.

Pendant sa campagne, Trump a promis de créer 25 millions d’emplois bien payés, d’améliorer le système de santé, de construire des hôpitaux, de réparer les infrastructures délabrées, de baisser les impôts, de mettre fin aux guerres, de nettoyer Washington de l’influence des lobbies, etc. C’est ainsi qu’il a pu rallier des électeurs des classes populaires, sur fond de discrédit des démocrates. Mais, comme tous les démagogues, la politique qu’il mènera ne sera pas nécessairement celle qu’il a promise, mais celle qu’exigera de lui ou lui permettra la bourgeoisie.

Démagogie raciste

Trump a promis de mener une politique réactionnaire et il donne des gages à son électorat en ce sens. Ainsi, il a réaffirmé sa volonté d’expulser des millions d’immigrants, reprenant une promesse de campagne. Il y aurait aujourd’hui 11 millions de clandestins, des Latino-Américains pour l’essentiel, et des secteurs entiers de l’économie s’appuient sur cette main-d’œuvre surexploitée. La bourgeoisie ne veut certes pas que Trump les renvoie tous. Trump lui-même a employé des sans-papiers payés en dessous du salaire minimum. Il ne parle donc plus que d’expulser les deux à trois millions de « criminels, membres de gangs, trafiquants de drogue » immigrés. Sous Obama, 2,5 millions de sans-papiers ont été expulsés. Trump s’inscrit donc dans une continuité, ce qui n’empêche pas son discours xénophobe d’être porteur de divisions dans la classe ouvrière et d’encourager les actes et les propos racistes.

La base de Trump, celle du Parti républicain et de ce qu’on appelait le Tea Party, est constituée d’un électorat réactionnaire, évangéliste, voire bigot. Certes, Trump, marié trois fois, n’était pas leur chouchou. Mais il leur a donné des gages. Son colistier, le futur vice-président Mike Pence, est créationniste, c’est-à-dire qu’il rejette la théorie de l’évolution. Les premiers responsables nommés par Trump sont des caciques du Parti républicain et des figures de l’extrême droite, à l’image de Stephen Bannon, nommé stratège en chef, raciste et antisémite notoire.

Trump, dont la misogynie est sans fard, a également envoyé un message sinistre sur le droit à l’avortement. Aux États-Unis, la législation en la matière relève des États. Mais, depuis un arrêt adopté par la Cour suprême en 1973, ceux-ci n’ont pas la possibilité de restreindre ou d’interdire l’IVG. Un juge doit être prochainement nommé à la Cour suprême, deux autres devraient l’être dans les années à venir. En s’engageant à nommer des juges anti-IVG, Trump sait qu’il ouvrira la voie à une remise en cause de l’arrêt de 1973, laissant ensuite toute latitude aux États les plus réactionnaires.

Trump attaquera les travailleurs, en particulier les étrangers et les Noirs, les femmes aussi. Mais nul ne sait comment réagiront les uns et les autres. Par le passé, tous ont mené de rudes combats pour faire valoir leurs droits, y compris sous des présidents aussi antiouvriers, misogynes et racistes que Donald Trump.

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