Leur société

PCF : la vaine recherche d’une « vraie gauche »

Le PCF cherche encore qui parlera pour lui à l’élection présidentielle de 2017. La conférence nationale réunie samedi 5 novembre devait le décider, du moins c’est ce qui avait été annoncé en septembre. Elle a surtout exposé les désaccords qui traversent le PCF.

Son secrétaire national, Pierre Laurent, s’était prononcé la veille pour un soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, mais seulement 42 % des délégués ont voté en ce sens. 52,2 % ont choisi la seconde option proposée au vote : présenter un candidat issu du PCF. Ce vote n’est pas décisif : les adhérents du parti se prononceront fin novembre, ce qui, là encore, ne garantira rien puisque, sur les bulletins de vote, sera mentionné que « si la situation l’exige » un éventuel candidat du PCF pourrait se retirer au profit d’une « candidature commune d’alternative à l’austérité ». L’Humanité est d’ailleurs sans ambiguïté : « La conférence nationale du PCF a voté (…) en faveur de la désignation d’un candidat issu de ses rangs, qui pourrait se retirer en cas d’accord pour un rassemblement plus large. »

L’option Mélenchon semble certes plutôt mal en point dans les rangs de la direction du PCF, mais les délégués à la conférence nationale se donnent surtout du temps, au moins jusqu’au résultat de la primaire du Parti socialiste.

En effet le véritable enjeu pour la direction du PCF n’est pas tant l’élection présidentielle que les législatives qui suivront. S’ils veulent conserver leurs élus à cette occasion, les dirigeants du PCF savent que les ponts ne devront pas être rompus avec le Parti socialiste et, dans cette perspective, un ralliement à Montebourg n’est pas à écarter, dans le cas où celui-ci s’imposerait dans la primaire socialiste. Le PCF ferait alors enfiler à l’ancien ministre de Hollande le costume de candidat d’alternative à l’austérité.

Derrière ces hésitations, ces divergences au sein de la direction du PCF, il n’y a pas grand-chose d’autre que des calculs politiciens et des objectifs électoralistes.

Ce n’est en tout cas pas sur le programme à défendre auprès des travailleurs et dans les quartiers populaires que la conférence nationale s’est divisée. Au contraire, Pierre Laurent s’est félicité que, même sans candidat, le PCF avait son programme, présenté sans soulever aucune opposition. On y retrouve les formules habituelles pour « travailler au rassemblement des forces de gauche », pour un « nouvel âge pour le progrès social ». « Quatre mots constituent le fil rouge : progrès, démocratie, égalité, paix », a déclaré Pierre Laurent.

Ainsi, si le PCF n’a toujours pas de candidat à l’élection présidentielle, il a déjà son programme électoral et, en fait, électoraliste. Car s’il met en avant des mesures comme l’augmentation du Smic, c’est toujours en expliquant qu’il faudrait faire confiance à un « bon » gouvernement de gauche pour les appliquer.

Pour bon nombre de militants du PCF qui agissent dans les entreprises et dans les quartiers, le vote de la conférence nationale du 5 novembre a peut-être été une satisfaction. Mais, quel que soit le candidat que choisira le PCF, même s’il est issu de ses rangs, leur direction n’imagine toujours pas d’autre perspective que celle d’un gouvernement « vraiment de gauche ». L’expérience a pourtant largement montré qu’un gouvernement, même portant cette étiquette, renie aussitôt ses promesses. Aller dans ce sens, c’est s’obstiner dans ce qui est une impasse pour les travailleurs... et pour les militants du PCF attachés à leurs intérêts.

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