Leur société

Vallée de la Roya : l’aide aux migrants interdite

Cédric Herrou, militant de l’association Roya citoyenne qui organise la solidarité avec les migrants venus d’Italie, a été interpellé jeudi 20 octobre avec trois de ses camarades lors de l’évacuation par la police du camp de migrants de Saint-Dalmas-de-Tende.

Placé en garde à vue, le militant a été libéré deux jours plus tard sous contrôle judiciaire. Son procès doit avoir lieu le 23 novembre et il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Depuis que la frontière avec l’Italie a été fermée par la France, en juin 2015, les migrants s’entassent dans la ville côtière de Vintimille. Certains tentent leur chance par la route de la côte, où les attend la police française. D’autres essayent de passer par les Alpes. C’est là que des habitants de la vallée de la Roya se sont organisés pour les accueillir. L’association Roya citoyenne avait investi le lundi précédent une colonie de vacances de la SNCF désaffectée pour y loger des migrants. La police les a évacués trois jours plus tard, plaçant les mineurs isolés dans des centres d’hébergement du département et renvoyant les adultes en Italie.

Vintimille est devenue un cul de sac pour les migrants qui tentent de gagner le nord de l’Europe, et notamment l’Angleterre, mais c’est dans toute l’Italie que ceux-ci survivent comme ils peuvent. Depuis le début de l’année, plus de 100 000 personnes, dont de nombreux mineurs isolés, ont affronté le périlleux voyage des côtes libyennes jusqu’à l’île de Lampedusa. Ceux qui n’ont pas péri en mer tentent alors de remonter vers les frontières française, suisse ou autrichienne. Les camps de fortune se sont multipliés dans les villes italiennes, souvent près des gares routières et ferroviaires. Les migrants, venus surtout du continent africain, y sont installés à même les trottoirs, dans des campements sans eau courante ni électricité. Ils reçoivent l’assistance d’une partie de la population et des associations, qui les aident à bénéficier d’un minimum de soins médicaux, leur fournissent des vêtements et parfois des tentes pour les enfants. Beaucoup vivent de petits travaux qu’ils trouvent çà et là, à moins qu’ils ne soient exploités par des patrons mafieux pour des salaires de misère.

Face à ce désastre humanitaire, les dirigeants des pays vers lesquels se dirigent les migrants, comme la France, ont pour seule politique de fermer hermétiquement toutes les issues. Alors que le programme d’urgence adopté par l’Union européenne en septembre 2015 prévoyait de relocaliser 160 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce, à la mi-juillet 2016 cela n’avait été réalisé que pour 843 migrants à peine depuis l’Italie et 2 213 depuis la Grèce. La France, pour sa part, n’en avait accueilli que 1 330, sur les 30 700 auxquels s’était engagé le gouvernement, et parmi eux à peine 231 étaient venus d’Italie. Et ces dirigeants osent encore traiter en délinquants ceux qui ont la générosité d’aider les migrants.

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