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Irak : la population prise au piège à Mossoul

Le 17 octobre, la coalition menée par les États-Unis, et à laquelle participe la France, a lancé, avec l’armée irakienne et des milices kurdes, une attaque contre Mossoul, la grande ville du nord de l’Irak, tombée aux mains de Daech en juin 2014.

Les journaux ressassent à longueur de pages le fait que Daech aurait perdu du terrain et que ce serait le début de la fin. Ce qui est certain, c’est que les 1,5 million d’habitants que compte encore la ville, selon l’ONU, seront assiégés et bombardés durant des semaines, voire plus, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Parmi les forces censées libérer Mossoul, on trouve des peshmergas kurdes, des milices sunnites et les milliers de soldats de la coalition composée de soixante pays et dirigée par les États-Unis. Intervient également l’armée irakienne à majorité chiite, appuyée par des milices, elles aussi essentiellement chiites, dont des groupes comme Ketaëb Hezbollah (Brigades du parti de Dieu), patronnés et financés par l’Iran. Des voix s’élèvent pour demander que ces milices soient tenues à l’écart, de crainte qu’elles ne se livrent à des exactions contre les populations, majoritairement sunnites, restées dans la ville, comme cela avait été le cas en juillet 2016, lors de la « libération » de la ville sunnite de Fallouja, située au nord-ouest de l’Irak.

À cela s’ajoutent les rivalités entre puissances régionales. L’Iran s’appuie sur les milices chiites qu’elle finance. Quant à la Turquie, elle maintient ses 2 000 soldats sur la base de Bachika, au nord-est de Mossoul. Le président turc Erdogan a tenu à déclarer le 3 octobre dernier que dans la ville de Mossoul, une fois libérée de l’EI, « seuls les Arabes sunnites, les Turkmènes et les Kurdes sunnites pourront y rester ». Son Premier ministre, Binali Yildirim, mettait de son côté en garde contre « les tentatives de modifier la structure démographique de Mossoul », ce qui conduirait à « allumer le feu d’une grande guerre civile, d’une guerre sectaire ».

La barbarie et le chaos qui déchirent l’Irak ne sont en rien les conséquences d’une sorte de guerre de religion qui opposerait chiites et sunnites. Ils découlent entièrement de l’intervention de l’impérialisme dans la région depuis des décennies. L’impérialisme américain, soutenu par les impérialismes de seconde zone, a allumé le feu en intervenant militairement en 2003 et en menant des années de guerre et d’occupation en Irak. Chacune de ses interventions et la guerre actuelle ne peuvent que prolonger et même aggraver encore le chaos.

Quant à la population, qui subit depuis plus de deux ans la barbarie de la dictature qu’imposent les djihadistes de Daech, elle est le cadet des soucis de l’impérialisme. Elle risque donc de continuer à payer le prix fort, que Mossoul soit libérée ou pas.

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