Rennes : le scandale des essais cliniques12/10/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/10/2515.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rennes : le scandale des essais cliniques

Au mois de janvier, à Rennes, dans le cadre des essais cliniques d’un médicament testé pour son aptitude à soulager les douleurs, un volontaire mourait et quatre autres étaient frappés de graves effets secondaires neurologiques.

Une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales, l’Igas, était ouverte. Rapidement, elle montrait de graves dysfonctionnements. Elle relevait les manquements de Biotral, la société responsable de l’essai, qui avait continué à administrer le médicament aux autres volontaires le lendemain de l’hospitalisation de celui qui allait mourir. Elle pointait le retard pris par Biotral et par le laboratoire Bial, à qui appartenait le produit, pour prévenir l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui autorise et suit tous les essais cliniques.

On apprenait alors que plusieurs chiens cobayes, sur lesquels la molécule avait été testée, étaient morts à l’issue des essais. Il était donc reproché à l’ANSM d’avoir autorisé l’essai sur les humains. Mais celle-ci s’était défendue en affirmant n’avoir pas eu accès à tous les documents.

Dernier retournement en date : le 10 octobre, le site d’information Médiapart révélait que, pour l’enquête de l’Igas, l’ANSM avait « réécrit en l’édulcorant » un rapport interne alertant sur la toxicité neurologique du produit chez les souris, les rats, les chiens et les singes sur qui il avait été testé.

L’ANSM dément bien évidemment « avoir caché quelque information (…) tant à l’Igas qu’aux autorités judiciaires ». Elle met en avant les experts indépendants, comme s’il s’agissait d’un gage contre toute espèce de manquements, et a fortiori de mensonges,

On pourrait croire au énième épisode d’un mauvais polar, sauf qu’un homme est vraiment mort et que quatre autres l’ont vraiment payé de leur santé. Une information judiciaire contre X est ouverte pour homicide involontaire et blessures involontaires, mais il va falloir s’armer de patience avant qu’elle aboutisse.

Comme en leur temps le scandale du Mediator, celui des implants mammaires, celui du sang contaminé et bien d’autres encore, tous ces scandales démontrent les effets désastreux pour la santé du mélange de la recherche et du profit.

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