Été 1996 : la lutte des sans-papiers de Saint-Bernard24/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/08/2508.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Été 1996 : la lutte des sans-papiers de Saint-Bernard

Le 23 août 1996, les 220 sans-papiers installés dans l’église Saint-Bernard, à Paris, étaient expulsés sans ménagement par les CRS sur ordre du gouvernement Juppé. Cela faisait deux mois qu’ils occupaient ce lieu pour obtenir leur régularisation.

Le mouvement avait commencé en mars, quand une cinquantaine de sans-papiers habitant un foyer de travailleurs immigrés de Montreuil, excédés par le rejet quasi systématique de leurs demandes d’asile et de régularisation, s’étaient lancés dans l’occupation d’une autre église de Paris, l’église Saint-Ambroise, pour exiger des papiers. Très vite, ils avaient été rejoints par des dizaines d’autres sans-papiers. Comme l’expliqua par la suite l’un des participants, « on sortait enfin du silence, en refusant l’étiquette de clandestins ».

Les travailleurs sans papiers en lutte surent s’organiser et ne pas se laisser disperser au fur et à mesure des expulsions et réinstallations dans divers lieux de Paris. Ils bénéficièrent aussi du soutien de diverses personnalités, comme le généticien Albert Jacquard, l’abbé Pierre, Emmanuelle Béart, Stéphane Hessel, ainsi que de milliers de personnes qui participèrent à leur combat en manifestant.

Ils furent finalement délogés de Saint-Bernard et interpellés le 23 août – le gouvernement ayant mobilisé un millier de CRS pour faire cette sale besogne – et seulement 73 d’entre eux obtinrent une promesse de carte de séjour dans la foulée. Les autres furent relâchés et demeurèrent clandestins, ils ne furent tous régularisés qu’en juin 1997 par le gouvernement Jospin.

Mais cette lutte fut le début de leur organisation en collectifs de sans-papiers et depuis n’a pas cessé. Ils appellent à manifester samedi 27 août – départ à 14 h de la place de la République vers l’église Saint-Bernard – pour commémorer cette lutte et surtout pour réaffirmer la revendication toujours d’actualité : liberté de circulation et d’installation pour tous. Lutte ouvrière s’associe à cet appel.

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