Guadeloupe 1976 : la Soufrière se réveille17/08/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/08/2507.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

il y a 40 ans

Guadeloupe 1976 : la Soufrière se réveille

Alors même que depuis juillet 1975 l’activité sismique de la Soufrière, en Guadeloupe, montrait des signes inquiétants, le manque de préparation de l’administration était flagrant. Ci-dessous, quelques extraits de la brochure publiée à l’époque par l’organisation trotskyste Combat ouvrier sur l’évacuation de la population proche du volcan et les difficultés rencontrées par les réfugiés, condamnés à s’organiser pour résister.

« Le dimanche 15 août 1976, toute la Guadeloupe vivait à l’heure de la Soufrière. En quelques heures, des milliers de gens bousculés par l’appel pathétique du préfet et par les déclarations catastrophées du professeur Brousse se jetaient sur les routes, fuyant le danger. Une première mondiale : évacuation de 72 000 personnes. On aurait pu penser qu’un tel plan (Orsec 2) prévoyait dans les détails toutes les mesures propres à une évacuation rapide et sans danger de la population. Mais loin s’en fallut. Rien ou presque n’avait été prévu dans ce sens. En particulier, les nombreux véhicules militaires, ceux de l’armée et de la gendarmerie, n’ont pas été utilisés pour l’évacuation de la population. Pourtant, quand il s’agit d’opérations de guerre et de répression, l’État bourgeois sait agir vite et efficacement.

Le résultat de cette absence de plan d’évacuation fut que la population quitta par ses propres moyens, dans la pagaille, la zone menacée par l’éruption. L’accueil aussi fut lamentable. Donc, du jour au lendemain, 72 000 personnes se réfugièrent dans les communes avoisinantes de la Côte sous-le-vent et en Grande-Terre… Et c’est finalement bien 20 000 personnes qui furent entassées dans les écoles. Pour ces réfugiés, c’était le commencement d’un véritable cauchemar, qui allait durer plus de trois mois pour la plupart. Car, arrivés dans ces centres, ils purent constater que l’administration n’avait rien prévu pour les recevoir.

La vie dans les centres d’hébergement allait encore prouver tout le mépris de l’administration coloniale vis-à-vis d’une population privée d’emploi, sans ressources, réduite à l’état d’assistés, ne devant compter que sur la seule pitance servie pour ne pas crever de faim.

Des comités se formèrent pour sauvegarder la dignité des réfugiés. Des centaines de personnes se trouvaient du jour au lendemain contraintes de vivre ensemble dans des locaux non adaptés. Les problèmes du nettoyage, de l’hygiène, de l’entraide, du renforcement des liens entre les réfugiés étaient à l’ordre du jour. Seul un organisme démocratique comme le comité, avec des représentants élus des réfugiés eux-mêmes en assemblée générale, pouvait mener à bien cette tâche. Partout où des comités ont vu le jour, les réfugiés se sont sentis plus forts face à l’administration coloniale et ont mené des actions souvent couronnées de succès, au lieu de subir passivement leur sort. Les centres où les réfugiés se sont organisés furent aussi les seuls à ne pas être atteints par la démoralisation. »

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