Fraude fiscale : les paradis des capitalistes17/08/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/08/dessinp8001.jpg.420x236_q85_box-0%2C378%2C2933%2C2028_crop_detail.jpg

Leur société

Fraude fiscale : les paradis des capitalistes

L’affaire récente des Panama Papers a fait scandale. Et aussi un peu désordre. La fuite organisée de ces documents, qui auraient dû rester confidentiels, a montré que de nombreuses banques, les françaises comme les autres, avaient ouvert des milliers de comptes dans le paradis fiscal panaméen pour leurs très riches clients, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises.

Illustration - les paradis des capitalistes

Cela, alors que depuis des années tous les gouvernements des pays développés, tels ceux de Sarkozy puis de Hollande en France, répètent qu’ils mènent une guerre impitoyable à l’évasion fiscale, que les paradis fiscaux n’en sont plus, puisqu’ils collaboreraient à la traque des fraudeurs…

Les Panama Papers ayant infligé un démenti retentissant à ce conte à dormir debout, les institutions du monde impérialiste se devaient de réagir. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) s’y est donc attelée. Regroupant 35 États parmi les plus riches du monde, elle prépare sa nouvelle liste noire des paradis fiscaux. Il faut dire que la précédente, elle l’avait abandonnée en 2011, suite à l’engagement pris par beaucoup de paradis fiscaux de se montrer moins accueillants pour les fraudeurs du fisc. Une bonne blague, qui avait permis que le Panama et plusieurs de ses pareils soient blanchis.

Mais cela va changer, promis, juré, l’OCDE va sévir. Onze pays se trouvent menacés par elle de se retrouver au piquet s’ils ne s’engagent pas à respecter des critères censés assurer l’échange d’informations bancaires et fiscales entre États sur les contribuables ayant des comptes chez eux. Et cela d’ici 2018.

Sinon, l’OCDE sanctionnera les pays qui refusent de collaborer, en pénalisant leurs transactions financières. Cela sera-t-il dissuasif pour des paradis fiscaux qui drainent des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars qu’une nuée de possédants petits et grands, et d’abord les très grosses sociétés, font ainsi échapper à l’impôt ? On peut en douter. Mais les États visés vont évidemment tout faire pour éviter d’être montrés du doigt : cela pourrait nuire au climat des affaires.

Dernière précision : sur la liste des pays (mollement) menacés, on trouve le Vanuatu, les îles Samoa, les îles Marshall, Nauru, Panama, les Émirats arabes unis, la Dominique, Antigua-et-Barbuda, Trinité-et-Tobago, le Liban et le Liberia. Du petit fretin en quelque sorte, car ne sont visés ni le Luxembourg, le Liechtenstein, la Suisse, Monaco, Jersey et Guernesey ou l’île de Man pour l’Europe ; ni Singapour ou Hong-Kong, pour ne citer que les principales places off-shore d’Asie ; ni l’État du Delaware, membre des États-Unis d’Amérique et petit paradis fiscal à domicile pour les entreprises d’outre-Atlantique. Ce n’est pas un oubli. L’OCDE veut bien faire un peu d’esbroufe, mais pas casser la poule aux œufs d’or de l’évasion fiscale dont le système capitaliste ne saurait se passer.

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