Dépakine : pire que Mediator ?17/08/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/08/p9-dessin_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C183%2C1919%2C1263_crop_detail.jpg

Leur société

Dépakine : pire que Mediator ?

On se souvient du Mediator, ce médicament des laboratoires Servier autorisé à la vente pendant plus d’une dizaine d’années après qu’on a su, preuves à l’appui, que, toxique et dangereux, il pouvait être un véritable poison. Des centaines, voire des milliers de personnes l’ont payé de leur vie. L’histoire semble bégayer, se répétant aujourd’hui, peut-être même en pire, avec la Dépakine des laboratoires Sanofi.

Illustration - pire que Mediator ?

Mise sur le marché en 1967, la Dépakine est un traitement efficace des crises d’épilepsie. Elle est aussi utilisée aujourd’hui dans le traitement d’affections psychiatriques. Au début des années 1980, des études ont montré une relation entre l’exposition des fœtus au valproate de sodium (la substance active de la Dépakine) et l’apparition de malformations du système nerveux. D’autres études ont ensuite confirmé ce risque de malformations congénitales. Et, dans les années 2000, l’apparition de troubles du développement intellectuel chez les enfants nés de femmes sous Dépakine pendant leur grossesse a été mise en évidence.

À partir de 2006, les notices d’utilisation déconseillaient l’utilisation du valproate tout au long de la grossesse et chez les femmes en âge de procréer, mais il a fallu attendre 2014 pour que la mise en garde fasse enfin état de la réalité et de la gravité des risques encourus. C’est seulement alors que les professionnels de santé ont été informés que « les enfants exposés in utero au valproate présentent un risque élevé de troubles graves du développement (30 à 40 % des cas) et/ou de malformations congénitales (environ 10 % des cas) ». La fréquence des risques fait froid dans le dos et le retard apporté à la délivrance de l’information met en rage.

Pour la seule période de 2006 à 2014, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) commandé par le ministère de la Santé et publié au printemps 2016 estimait que, en France, environ 450 enfants étaient nés avec des malformations congénitales liées à la Dépakine, mais ne faisait aucune mention des enfants victimes de troubles du développement. Aujourd’hui, une étude de l’Agence nationale du médicament, pas encore publiée mais révélée par le Canard enchaîné, établit que, « entre 2007 et 2014, plus de 10 000 femmes enceintes ont pris de la Dépakine ». Ainsi donc, ce sont 1 000 enfants qui seraient nés atteints d’une malformation congénitale et entre 3 000 et 4 000 souffriraient de troubles du développement.

Des milliers d’enfants ont payé de leur santé et de leur vie l’exigence de rentabilité de Sanofi et la complicité des autorités de santé.

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