Dans les entreprises

Renault Cléon : la précarité bat des records

L’usine Renault de Cléon, en Seine-Maritime, produit des moteurs et des boîtes de vitesses pour le groupe Renault, pour Nissan et pour Mercedes. Il y a aujourd’hui 3 340 embauchés sur le site, dont la moitié en production.

À ce jour, un peu plus de 1 500 intérimaires travaillent quotidiennement à l’usine. Ils représentent plus de la moitié de l’ensemble des ouvriers, et constituent entre 75 et 90 % des travailleurs sur les lignes de montage. Ce sont souvent eux qui font les travaux les plus pénibles et qui sont les moins payés.

Cette politique de recours massif à l’emploi précaire n’est pas réservée au seul site de Cléon. Ce sont les mêmes pourcentages sur les chaînes dans les usines Renault de Flins et de Sandouville.

Renault se vante d’être une entreprise qui embauche. Et pourtant, même si sur le site il y a eu 100 embauches en 2015 et si 150 ont été annoncées pour 2016, ces chiffres sont en dessous de ceux des départs en retraite, et évidemment bien loin de compenser les dix années sans embauches. L’effectif des embauchés ne cesse de diminuer année après année.

Ce n’est pourtant pas le travail qui manque : l’usine tourne à plein régime. Dans la plupart des ateliers les équipes produisent 24 heures sur 24, et même bien souvent en équipe de samedi-dimanche.

La direction de Renault fait le choix du travail précaire, pour augmenter la productivité et ses bénéfices. Elle utilise la peur du chômage pour imposer plus de flexibilité et une intensification du travail. L’encadrement fait constamment pression sur les intérimaires pour les heures supplémentaires, des records de production à battre… en faisant miroiter un nouveau contrat d’intérim ou une hypothétique embauche.

Carlos Ghosn ne s’en cache pas : il a annoncé dans la presse qu’il compte bien utiliser le chantage à l’emploi. En effet le plan dit de compétitivité imposé en mars 2013 se termine en fin d’année. Ce plan a imposé plus de 8 000 suppressions d’emplois, le quasi-blocage des salaires, et aux ouvriers de l’usine la perte de 21 jours de congés par an. Ces 21 jours représentent 1 500 mois de travail gratuits par an, rien que pour Cléon.

Mais cela ne suffit pas à la direction de Renault. À la rentrée de septembre, elle voudrait imposer un nouveau plan dit d’hyper-compétitivité : en échange de quelques CDI, elle voudrait aggraver encore les conditions de travail.

Elle le tentera, mais il n’est pas écrit, loin de là, que les travailleurs embauchés et intérimaires se laissent imposer de nouveaux reculs.

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