Attentats : la barbarie en marche06/07/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/07/2501.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Attentats : la barbarie en marche

À peine la coalition internationale anti-Daech se félicitait-elle, dimanche 26 juin, de la reprise de la ville de Fallouja en Irak, qu’une série d’attentats très meurtriers est venue contredire ce triomphalisme.

Mardi 28 juin, dans l’aéroport international d’Istanbul en Turquie, trois terroristes ouvraient le feu sur la foule puis se faisaient exploser, tuant 45 personnes. Dans la soirée du vendredi 1er juillet, à Dacca, capitale du Bangladesh, six hommes organisaient une prise d’otage dans un café-restaurant du quartier des expatriés, ciblant les étrangers et tuant une vingtaine de personnes. Le lendemain, dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 juillet, peu après minuit, dans le quartier populaire chiite de Karrada à Bagdad, en Irak, très animé en ce mois de ramadan, un camion bourré d’explosifs soufflait les façades de nombreux bâtiments sur près de cent mètres, mettant le feu à plusieurs d’entre eux. Plus de 200 personnes étaient tuées, des familles entières fauchées.

Enfin, lundi 4 juillet, en Arabie saoudite, trois attentats à la bombe étaient organisés en trois endroits différents du pays : près de la mosquée de Médine, près de celle de Qatif, principale ville chiite du pays, et près de l’ambassade des États-Unis à Djedda, sur la mer Rouge. Ces trois dernières attaques ont fait quatre morts, les terroristes n’ayant pas réussi à pénétrer dans les lieux visés.

Tous ces attentats ont été revendiqués ou attribués à Daech. Et leur liste macabre montre que, malgré les victoires militaires contre cette organisation en Syrie et en Irak, ses capacités terroristes n’ont pas disparu.

Les groupes djihadistes se développent dans ces pays sur le terreau créé par la misère, les inégalités sociales et le rejet de régimes dictatoriaux et corrompus.

En Irak, Daech a directement profité d’une telle situation. Malgré toute sa barbarie, il a pu apparaître, au moins un temps, comme un moindre mal pour toute une partie des populations de confession musulmane sunnite d’Irak, du fait de toutes les vexations et de la répression dont elles ont été victimes de la part du pouvoir central irakien de Bagdad, qui s’est appuyé sur des milices de confession musulmane chiite capables des pires violences contre les populations sunnites. D’ailleurs, dès la reprise de Fallouja, ces milices chiites se sont comportées à nouveau en terrain conquis, perpétrant des exactions contre des civils sunnites, échappant même à tout contrôle des autorités de Bagdad. L’attentat de Daech visant un quartier chiite de Bagdad est à la fois une réponse aux exactions des milices chiites à Fallouja et à sa propre défaite militaire. Car la politique de Daech est de miser sur la haine religieuse en créant des fossés de sang pour dresser les populations les unes contre les autres et contraindre celles de confession sunnite à ne voir de salut que derrière lui.

Avec les attentats en Turquie, Daech fait aussi pression sur un gouvernement qui n’est plus assez complaisant à son goût. Le ministre des Affaires étrangères turc, interviewé par un journaliste français, a déclaré que la Turquie « [combattait] Daech par tous les moyens ». Mais la Turquie a longtemps laissé transiter par sa frontière de l’argent, des armes et des troupes pour l’organisation djihadiste en Syrie. Daech avertit ainsi le gouvernement Erdogan des représailles possibles s’il fermait ses frontières.

Enfin, cette série d’attentats vient rappeler que les populations des métropoles des pays riches sont loin d’être les premières victimes du terrorisme. Depuis l’intervention militaire américaine de 2003, les attentats n’ont cessé de ravager l’Irak et ont fait des dizaines de milliers de morts.

Aujourd’hui, les grandes puissances, États-Unis en tête, affirment qu’elles font de la lutte contre Daech et le terrorisme islamiste leur priorité. Mais c’est toute leur politique passée qui a engendré le chaos actuel, et leurs interventions sont bien incapables d’en venir à bout.

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