Abattoirs : maltraitance animale … et humaine06/07/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/07/2501.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Abattoirs : maltraitance animale … et humaine

Un certain nombre de scandales ont éclaté au sujet des abattoirs, suite à la mise en ligne sur Internet de vidéos chocs montrant des scènes de maltraitance animale.

Les dénonciations des associations, les témoignages de salariés sur les conditions d’abattage ont provoqué une vive émotion et contraint le ministre de l’Agriculture à commanditer une inspection générale en avril dernier, dont les conclusions ont été rendues publiques par Stéphane Le Foll vendredi 1er juillet. Trois établissements sur 259 ont depuis été fermés.

Des règlements interdisent de faire subir aux animaux des souffrances évitables et imposent des contrôles vétérinaires continus, mais un tiers des abattoirs ne les respectent pas complètement. La logique de rentabilité pousse les exploitants d’abattoirs à ne pas respecter ces normes, à réduire le recours aux services vétérinaires, pour aller toujours plus vite et augmenter le rendement des installations.

Dans le plus gros abattoir de porcs de France, la Cooperl de Lamballe, on tue un animal toutes les cinq secondes, 50 000 par semaine. En quarante minutes, le porc subit une soixantaine d’opérations pour aboutir à des carcasses prêtes à être transformées. La même logique entraîne parfois l’occupation de locaux impropres ou insuffisamment nettoyés, l’utilisation de machines hors d’usage obligeant les salariés à de gros efforts pour sortir la production.

Le travail a été en grande partie automatisé dans les abattoirs, pour mieux l’intensifier. Cela a supprimé le port de certaines charges, mais l’a rendu encore plus éprouvant : cadences ultrarapides, tâches répétitives, dans un bruit incessant, dans le froid et l’humidité, avec l’odeur et la vue du sang, horaires décalés et à rallonge en fonction des arrivages. C’est la même volonté des propriétaires de retirer un maximum de profit qui contraint les salariés à travailler toujours plus vite, en prenant des risques et en le payant par une détérioration rapide de leur santé : plaies, chocs, lombalgies, tendinites, luxations, entorses, troubles psychologiques multiples liés au travail d’abattage en série.

Dans un système économique qui repose sur la course au profit, le sort des animaux ne peut être qu’indigne dès lors qu’on traite les hommes comme des bêtes de somme.

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