Mayotte : la grève générale a imposé des reculs20/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2490.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : la grève générale a imposé des reculs

La grève générale et les manifestations ont secoué l’île de Mayotte pendant quinze jours et ont paralysé par à-coups son économie. Le 16 avril, à la suite d’un accord trouvé à Paris avec le ministère de l’Outre-mer, les syndicats ont mis fin au mouvement entamé dans l’île depuis le 30 mars.

Deux semaines durant, les travailleurs mahorais, fonctionnaires et salariés du privé, soutenus par la population, ont été au coude-à-coude pour faire entendre leurs revendications pour « une égalité réelle ». Le 4 avril, la capitale Mamoudzou était une ville morte et les jours précédents 2 000 personnes ont défilé dans les rues principales. Des barrages ont été régulièrement installés sur les principales artères, souvent évacués manu militari.

Cette grève faisait suite au mouvement entamé le 3 octobre dernier pour l’application à Mayotte de la totalité du Code du travail et des conventions collectives nationales ; l’alignement sur l’Hexagone de toutes les prestations familiales et sociales ; la revalorisation immédiate des pensions minimum de retraite ; la reconstitution de carrière et la prise en compte de l’ancienneté de service des agents de la fonction publique ; le relèvement de la « prime de vie chère » des fonctionnaires à 53 % comme à La Réunion. Mais la grève avait été interrompue en novembre, à la suite des attentats de Paris.

Depuis le passage de Mayotte au statut de département français, les travailleurs, en phase avec le reste de la population mahoraise, se mobilisent régulièrement, parfois pendant plusieurs semaines, pour demander l’accélération du processus de rattrapage des droits sociaux avec la métropole. Ni le gouvernement de Sarkozy ni celui de Hollande ne se sont montrés pressés de l’appliquer dans ce 101e département français.

La réponse de l’actuelle ministre de l’Outre-mer George Pau-Langevin, comme celle des gouvernants, est toujours la même : « Nous comprenons l’impatience des Mahorais mais nous devons avancer pas à pas. » Les gouvernements prônent toujours la patience quand il s’agit d’accorder quelques droits aux travailleurs. Mais quand il s’agit de faire payer des impôts aux Mahorais, ils le font immédiatement.

À la suite de quelques échauffourées entre des jeunes et la police, la ministre de l’Outre-mer a réagi en déclarant que « le gouvernement va prendre des mesures pour rétablir l’ordre ». Ces menaces s’adressaient au moins autant aux grévistes, mais n’ont pas entamé leur détermination. Ils sont en lutte pour des revendications légitimes dans une île où une grande partie de la population vit sous le seuil de pauvreté, alors que le coût de la vie est plus élevé que dans d’autres territoires français, et que le taux de chômage est de 20 % et même de 46,5 % pour les jeunes.

Selon l’accord conclu le 15 avril, le Code du travail national, ou ce qu’il en restera si la loi El Khomri passe, devra s’appliquer au 1er janvier 2018 ; les conventions collectives de métropole devraient aussi s’appliquer automatiquement et intégralement à Mayotte ; une « concertation interministérielle » devra avoir lieu sur les retraites ; des discussions sur l’application de la CMU complémentaire ainsi que sur le Code de Sécurité sociale devraient avoir lieu avant la fin 2016. L’accord « confirme » un taux de 40 % de « prime de vie chère » pour les fonctionnaires, qui réclamaient 53 %.

Le compte n’y est pas, bien que les représentants syndicaux se soient dits satisfaits de cette évolution tout en précisant qu’ils restent « vigilants ». Ce sera en tout cas grâce à leur grève que les travailleurs mahorais auront obtenu quelques avancées dans leurs revendications.

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