Dans les entreprises

Une combativité inacceptable pour le patronat

Une combativité inacceptable pour le patronat

En 1995, une grève très dure avait forcé la direction de l’usine Goodyear d’Amiens à remballer un projet de réorganisation du travail. Il consistait à passer du travail en équipe de trois fois huit heures, avec une équipe supplémentaire le week-end, à un système de quatre équipes où chacun ferait deux jours du matin, deux jours d’après-midi, deux nuits travaillées (six jours de travail d’affilée) et trente-huit week-ends à l’usine dans l’année. L’équipe du week-end devenait superflue et plusieurs centaines de postes pouvaient être supprimés.

En 2007, la direction revenait à la charge. Dès lors commençait une lutte qui allait durer sept ans. Une succession de grèves ponctuelles mais quasi unanimes a empêché une fermeture du site, déjà programmée par les patrons. Les grévistes de l’usine Continental, des militants d’entreprises locales ont été leurs principaux soutiens. Les secrétaires confédéraux de la CGT Bernard Thibault et Thierry Lepaon ont pour leur part toujours refusé de venir sur place auprès des ouvriers en lutte. La détermination des militants locaux ne cadrait pas avec l’image plus négociatrice que voulait afficher la confédération.

Il y a un an, l’usine fermait. La direction assurait des compensations beaucoup plus favorables que les indemnités légales et retirait sa plainte pour séquestration de deux de ses cadres, au grand dam de Charles Taylor, PDG du groupe Titan, sous-traitant de Goodyear. Ce dernier invita le ministre Montebourg à envoyer les militants ouvriers « à la Légion étrangère en Afrique », ajoutant qu’« aux États-Unis, on appellerait ça un kidnapping. Ces gens seraient arrêtés et poursuivis ».

On voit où le gouvernement PS, en condamnant les Goodyear, puise à présent son inspiration.

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