Renault : tempête dans un pot catalytique20/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2477.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : tempête dans un pot catalytique

La voiture pollue. Volkswagen pollue. Renault pollue aussi. Les constructeurs automobiles jouent au chat et à la souris avec les normes européennes en matière d’émissions de gaz polluants, dioxyde de carbone (CO2) et oxydes d’azote (NO et NO2). Se vantant de vendre des voitures « propres », ils annoncent des taux de pollution – comme de consommation, d’ailleurs – calculés en laboratoire bien en dessous de la réalité ; et chaque automobiliste peut s’en rendre compte, au moins à la pompe.

Mise en lumière par l’affaire du logiciel truqueur de Volkswagen, cette tricherie a ensuite été dépistée chez Renault qui a, fin 2015, annoncé investir 50 millions d’euros dans un plan destiné à réduire les émissions polluantes. Début janvier, une enquête a été réalisée par des agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans plusieurs établissements Renault. Les résultats étant ce qu’on pouvait attendre, on a vu le 14 janvier Ségolène Royal et Macron se précipiter, tout sourire, pour jurer que l’affaire était maîtrisée. Certes Renault dépassait les normes, mais n’avait pas installé de logiciel truqueur, et n’avait donc pas menti. Rien à voir avec Volkswagen ! Mais ce n’était pas suffisant pour rassurer les « marchés » financiers qui, se détournant brusquement des actions Renault, en firent chuter le cours en quelques heures de 20 %, ce qui se serait traduit pour l’ensemble des actionnaires par une perte virtuelle de 4 milliards d’euros. Pourtant, comme l’analysait un site boursier, « l’action Renault reflète plus la nervosité des intervenants, que la situation du constructeur automobile français ».

Et, c’est un comble, les commentateurs ont osé accuser les militants de l’UGICT-CGT de l’usine Renault de Lardy, dans l’Essonne, d’être responsables de cette situation. En effet, dans un tract qui, quatre pages durant, stigmatisait la politique de suppressions d’emplois de Renault, l’absence d’embauches, et l’hypocrisie du fameux plan de 50 millions qui, sans emplois supplémentaires, ne pouvait se traduire que par une aggravation des conditions de travail, un paragraphe signalait aux travailleurs du site le passage des enquêteurs de la DGCCRF.

Jamais la politique de Renault, suppression de 7 500 emplois, blocage des salaires, recours inouï aux travailleurs intérimaires, accentuation de l’exploitation des ouvriers, techniciens et même ingénieurs, n’a été commentée avec autant d’insistance par ceux qui recherchent le « spectaculaire ». Qu’une usine comme celle de Flins, où sont produites la Clio IV, la Zoe électrique et bientôt la Nissan Micra emploie dans ses ateliers de production 1 700 ouvriers intérimaires et seulement 1 400 ouvriers en CDI Renault, aggravant la précarité pour de sordides raisons de « coût » du travail, comme disent les capitalistes, cela n’est en effet pas spectaculaire. Que Renault, tout en taillant dans les effectifs, empoche en 2015 sans sourciller 220 millions d’euros de crédits d’impôt au titre de l’aide à la compétitivité, cela n’a pas de quoi étonner les partisans du système capitaliste. Et même, que 4 milliards d’euros puissent se gagner ou s’évaporer en quelques heures au jeu de la Bourse, quand ceux qui travaillent jour et nuit pour fabriquer les voitures sont volontairement tenus dans l’ignorance de ces trafics, tout cela est juste révoltant.

Mais quand la Bourse frémit… haro sur les militants ouvriers qui osent faire allusion aux mensonges des patrons !

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