Le faux semblant de la formation20/01/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/01/dessin_page_3.jpg.420x236_q85_box-0%2C150%2C2398%2C1499_crop_detail.jpg

Leur société

Le faux semblant de la formation

Dans ses vœux au Conseil économique et social Hollande a repris et développé sa promesse de mettre en formation 500 000 chômeurs de plus, soit un million au total.

Illustration - Le faux semblant de la formation

Commentateurs et adversaires politiques ont eu beau jeu de montrer que ces quelques centaines de milliers de chômeurs seraient ainsi opportunément sortis des listes aux alentours de l’élection présidentielle, permettant à Hollande de prétendre avoir fait reculer le chômage. Pourtant la manœuvre ne se borne pas à ce grossier coup politicien.

Lorsque patrons et politiciens insistent sur le prétendu manque de formation des chômeurs, ce n’est pas pour y remédier. C’est pour dire que si des travailleurs ne trouvent pas de travail, c’est de leur propre faute, de celle de l’Éducation nationale, voire de celle des organismes de formation, mais jamais de celle du patronat. C’est pourtant bien le patronat, particulièrement le grand patronat, qui a supprimé des centaines de milliers d’emplois, fermé des centaines d’usines, fait pression sur toute la chaîne des sous-traitants pour, au total et en trois décennies, faire qu’il y ait six millions de chômeurs dans ce pays. Et c’est bien le grand patronat qui, au premier chef, profite de cet état des choses, obtenant sa production avec un nombre réduit de travailleurs, surexploités et bâillonnés par la peur du chômage.

De quelle formation parlent les Hollande, Gattaz et consorts ? Celle des licenciés de Goodyear, de Vallourec, de PSA et d’ailleurs, pourtant bien suffisante aux yeux des patrons qui les ont exploités pendant des dizaines d’années ? Celle de ces jeunes diplômés qui ne connaissent que Pôle emploi et le travail gratuit ? Celle de ces travailleurs licenciés au bout de trente ans qui ne trouvent que des stages de remise dans l’emploi, sans salaire ?

Le nombre d’emplois ne diminue pas parce que les travailleurs seraient mal formés. Il diminue parce que le patronat se bat pour augmenter ses profits et que, crise oblige, il les augmente en surexploitant les travailleurs, en diminuant leur nombre, leurs droits, leurs salaires. Le taux de chômage mesure l’état du rapport de force entre exploiteurs et exploités.

Tous les discours sur la formation visent à masquer cette vérité élémentaire.

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