Dans les entreprises

Ex-Carrier Carrosserie – Alençon : justice de classe

Après des mois de procédure, les salariés de Carrier, licenciés collectivement en janvier 2014 suite à la fermeture de l’usine, ont appris avec stupeur que le tribunal des prud’hommes ne leur donne pas gain de cause et se range ouvertement du côté du patron licencieur et magouilleur.

Au nombre de 148, sur les 178 alors à l’effectif, ils avaient décidé de traîner le groupe Fast, société mère de Carrier, devant les tribunaux. Lors de la vente aux enchères du matériel dans les locaux de l’usine, les ouvriers présents avaient pu observer que, parmi les acheteurs, se trouvait un sous-traitant de Fast accompagné de l’ex-directeur financier de l’entreprise. Depuis, la production a redémarré en Egypte et Fast a pris la précaution d’héberger les brevets de Carrier dans un pays classé paradis fiscal. C’est donc bien une opération de dépeçage de l’usine que les ex-salariés révoltés dénonçaient et voulaient faire condamner. Ils réclamaient 155 000 euros de dommages et intérêts.

Mais, contre toute évidence, les juges ont conclu qu’il n’y avait aucun lien de « co-emploi » entre Fast et Carrier. Comme si le contrôle financier de l’une par l’autre et l’attitude concertée de leurs dirigeants dans toutes les décisions prises ne suffisaient pas à démontrer ce lien.

Au sortir du tribunal, un ouvrier écœuré a déclaré : « Ce sont les capitalistes qui dirigent. » Il a raison. Lui et ses camarades se battent contre un patron cynique et une décision de justice révoltante.

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